Drogues, alcool, tabac, la consommation de ces substances pourrait être évitée grâce à plus de communication dans l’entreprise. C’est ce qu’explique la chercheuse Gladys Lutz, présidente de l’association Addictologie et travail.
Pourquoi Docteur: Quelles sont les conséquences de la consommation de ces produits dopants ?
Gladys Lutz: Paradoxalement, ces consommations améliorent le présentéisme. Pour plusieurs professions, elles aident les salariés à venir au travail, quand on fait des horaires décalés par exemple, elles aident parfois à gérer tout ce qu’on a à faire en dehors du travail ou bien elles aident à dormir et donc être plus en forme. Ce que l’on observe aussi, c’est l’augmentation des troubles musculo-squelettiques, la consommation de produits psychotropes va aider les gens à faire leur travail. On a des personnes qui consomment du cannabis en anti-douleur par exemple.
Mais il n’y a pas de hausse des burn out ou des accidents du travail ?
Ça dépend. On assiste à des usages particuliers, la consommation est ponctuelle, la dose adaptée à la nécessité de rester en capacité de travail. Bien sûr, il y a des cas où la situation dérive. Le produit est au départ favorable, il aide à mieux s’adapter au travail, à éviter l’arrêt maladie ou l’accident de travail et cela fonctionne. Jusqu’au moment où la personne perd le contrôle. A ce moment là, d’autres facteurs peuvent aussi rentrer en compte, des raisons qui sont liées à l’individu.
Comment prévenir ce genre de comportement ?
Il faut plus de dialogue au sein de l’entreprise. Il existe des instances de prévention sur la santé au travail, mais il n’y a pas ou peu de place pour le dialogue, pour que les salariés puissent exprimer leur difficultés. Le dopage au travail c’est le symptôme d’une désarticulation entre la prévention santé au travail et le travail réel. C’est-à-dire que la prévention santé n’intègre pas d’espace où on parle vraiment du travail, des décisions qui sont prises. Alors que le premier sachant en terme de santé et de sécurité au travail, c’est le travailleur lui-même. Nous recommandons donc de créer des conditions de discussions au sein de l’entreprise où tout le monde (managers, directeur des ressources humaines, employés etc) parle concrètement de comment le travail se construit, comment protéger sa santé, et de ce qui ne va pas.