ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Lever les tabous sur l'éjaculation précoce

Campagne d'information

Lever les tabous sur l'éjaculation précoce

Par Fabien Goubet

Un homme sur trois est victime  d'éjaculation précoce mais bien souvent, le sujet reste difficile à aborder dans le couple. Comme le montrent les résutats d'une enquête. Or des solutions existent.

WIDMANN/TPH/SIPA
MOTS-CLÉS :

Tous les sexologues le confirment : l’éjaculation précoce constitue le premier motif de consultation chez les hommes, devant l’impuissance. Un état de fait confirmé par une étude menée auprès de 1500 personnes et de 300 médecins par l’institut Opinion Way, et dont les résultats sont dévoilés ce jeudi.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un homme sur deux a déjà été confronté à des éjaculations précoces, un sur trois y est sujet de manière chronique, à peine la moitié des éjaculateurs précoces osent en parler avec leur partenaire.

Le sexologue Gilbert Bou Jaoudé, de l’hôpital de Douai, ne s’en étonne pas. « Ces résultats viennent confirmer les impressions qu’avaient les médecins vis-à-vis de l’éjaculation précoce, à savoir un mal plus répandu que prévu, et terriblement tabou ». Et pourtant, 92% des généralistes interrogés dans le cadre de l'enquête se déclarent prêts à aborder cette question en consultation. 

Bien peu d’études sont consacrées à ce trouble, et il faut reconnaitre qu'on discute rarement de ce sujet à table ou à la machine à café. Pourtant, les conséquences de l’éjaculation précoce peuvent être redoutables. De la frustration initiale, l’homme peut passer par plusieurs étapes telles que la gêne ou la culpabilité, et aboutir finalement à une dépression, voire à de graves conflits au sein du couple.  Quelles que soient les causes, c’est ce manque de contrôle qui, lorsqu’il s’installe dans le temps, génère culpabilité et perte de confiance pour l’homme, frustration et détresse chez sa partenaire. Selon l'enquête Opinion Way, 37 % des femmes concernées mentionnent une baisse du désir sexuel quand 85 % des hommes soulignent un impact sur leur confiance en eux.  



Ecoutez le Dr Gilbert Bou Jaoudé, sexologue à l'hôpital de Douai :« Sans dialogue et sans action, la souffrance s’installe ».


C'est donc le silence dans lequel s'enferment les hommes qui déclenche tout. Mais pas facile de les faire dialoguer à ce propos... Pour y remédier, une campagne nationale d’information a été réalisée conjointement par l’Association pour le développement de l’information et de la recherche sur la sexualité, et la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle. Elle consiste notamment en la mise en ligne de garderlecontrole.fr, un site internet sur lequel hommes et femmes peuvent trouver informations et conseils, ou encore prendre rendez-vous avec un sexologue. Un spot télévisé doit également être diffusé à partir du 5 avril.

Mais le déclic qui pourrait inciter les hommes à en parler, c’est peut-être la mise sur le marché, depuis début avril, de la dapoxétine. Développé par les laboratoires pharmaceutiques Menarini sous la dénomination commerciale Priligy, il s’agit du premier médicament destiné à soigner l’éjaculation précoce. Commercialisée chez nos voisins européens depuis plusieurs années, la dapoxétine permet de tripler le délai d’éjaculation, et ce de manière immédiate.

Ecoutez le Dr Gilbert Bou Jaoudé:
La dapoxetine « complète l'arsenal thérapeutique, et évite les prescriptions détournées ».

Aussi providentiel que soit ce médicament, Gilbert Bou Jaoudé insiste : le traitement ne s’adresse qu’aux hommes qui éprouvent une réelle souffrance face à l’absence de contrôle de leur éjaculation.

Ecoutez le Dr Gilbert Bou Jaoudé : «Les hommes qui sont gênés  par l'éjaculation précoce ont des solutions ».



Quoi qu’il en soit, l’éjaculation précoce ne se résout pas toute seule, et toute prise en charge doit obligatoirement commencer par un dialogue entre les deux partenaires. Et si cela ne suffit pas, il faut alors se tourner vers un médecin, qui pourra donner des conseils pratiques au couple, voire prescrire un traitement médicamenteux.