Si la plante ou l’animal produit la molécule recherchée de façon abondante, pas ou peu de souci, puisque son éventuelle commercialisation ne risque pas de détruire la biodiversité. Dans le cas contraire, il faut la synthétiser en laboratoire. Ce qui n’est pas une mince affaire car de nombreuses réactions qui permettent à un organisme vivant de produire des métabolites secondaires à partir de précurseurs à la structure plus simple font appel à des enzymes dont l’homme ne sait pas toujours reproduire l’action.
Plusieurs possibilités alors : s’il s’agit d’une plante, il est possible de lui fournir les précurseurs nécessaires en plus grande quantité en espérant que cela aboutira à une plus grande production de la molécule recherchée. Au lieu de « simplement » reproduire ce composé plein de promesses, les chimistes s’appliquent également à améliorer son efficacité, en modifiant une partie de sa structure ou en synthétisant des dérivés. La technique peut ainsi suivre une voie biomimétique, c’est-à-dire imiter la manière dont la synthèse a probablement été effectuée naturellement dans la plante.
Viennent ensuite les essais cliniques qui permettent de développer et de tester le médicament de demain. Découpés en plusieurs phases, ils évaluent d’abord la tolérance et la toxicité du produit puis établissent la preuve du concept d’efficacité. Les essais de phase 3 sont effectués sur un large panel de patients : le candidat-médicament est comparé à un placebo ou à un médicament de référence. Si les résultats sont validés, c’est seulement à ce moment, au bout de 10 ans en moyenne, que la molécule peut recevoir une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par les autorités nationales compétentes (Agence nationale du médicament et des produits de santé)). Après l’obtention de l’AMM, la phase 4 consiste à surveiller le nouveau médicament, afin de détecter d’éventuels effets secondaires.
Julie Coquart