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La greffe cardiaque a 50 ans

Un anniversaire constat : à cinquante ans, la greffe cardiaque arrive à ses limites et toujours des projets

Par Camille Sabourin

La greffe du cœur a 50 ans. Elle est au point, surtout depuis la découverte des médicaments antirejet, elle marche mais le manque de donneurs est un problème quasi insoluble qui suscite de nouvelles découvertes, comme celle du cœur artificiel.

medarus.org

Vous avez plus de cinquante ans, et si je vous demande : "que faisiez-vous le 3 décembre 1967 ?", il va vous falloir un certain temps de réflexion pour retrouver des souvenirs aussi précis. Cela ira beaucoup plus vite si j’ajoute que, le 3 décembre 1967, le professeur Barnard greffait son premier cœur. Car, comme pour l’alunissage d’Armstrong une nuit de juillet 69, tout le monde se souvient du moment où il a appris cette nouvelle étonnante. Pourtant, la greffe du cœur n’est pas un exploit technique plus important que celles du foie ou du poumon, beaucoup moins médiatisées, mais elle a marqué les esprits par la symbolique de l’organe qu’elle concerne. Cinquante ans après le premier essai – d’ailleurs un échec plutôt retentissant –, même si elle fascine toujours, la greffe cardiaque est devenue un exercice plus que quotidien en France puisqu’on en effectue 500 par an, et plus de 4 000 à travers le monde.

La technique est toujours celle mise au point par Barnard, ou plutôt par Norman Shumway, un chirurgien américain qui a toujours reproché à son élève sud-africain d’être rentré un peu vite au pays pour vérifier la justesse de ses cours…

Mais en cinquante ans, le succès de cette intervention doit moins à la dextérité des chirurgiens qu’à une autre découverte – beaucoup plus récente puisqu’elle n’a que 38 ans –, la ciclosporine, le premier médicament antirejet. En effet, nous savons tous comment réagit notre organisme contre un corps étranger, par exemple lorsque nous avons une épine sous la peau. La zone devient rouge, dure, et l’épine se trouve entourée rapidement par une zone inflammatoire dont le rôle est de rejeter l’intrus. Et bien nous réagissons aussi violemment contre l’intrusion d’un cœur étranger.

D’où les dramatiques premiers échecs de la transplantation et les succès actuels dus à la ciclosporine.

Pourtant, en raison du manque de donneurs, la recherche va aujourd’hui vers le cœur artificiel, dont la dernière version que l'on doit au Français le Professeur Carpentier, tarde à passer l'étape des premières expérimentations chez l'homme.