C’est une première sur le sol américain. À l’hôpital Baylor de Dallas, une femme née sans utérus à la suite d’une malformation congénitale a accouché le mois dernier. Le bébé, un petit garçon, est en bonne santé. Elle avait subi une transplantation utérine en septembre 2016, dans le cadre d’un essai clinique portant sur dix femmes. Une autre femme est également enceinte et deux autres essaient de concevoir, rapporte le New York Times.
La transplantation utérine offre un espoir important à de nombreuses femmes privées d’utérus pour des raisons congénitales ou médicales. En 2014, l’hôpital universitaire de Sahlgrenska, rattaché à l’université de Göteborg en Suède, avait accueilli la toute première naissance issue d’une greffe d’utérus. D’autres naissances avaient eu lieu, mais toujours en Suède. C’est donc la première fois que la technique aboutit dans un autre service.
À partir de donneuse vivante
Dans les faits, la transplantation utérine n’a rien d’une opération anodine. Le prélèvement sur donneuse vivante, employée à Dallas comme à Göteborg, dure cinq heures et n’est pas sans risque. Il s’agit de prélever l’utérus en conservant au mieux les vaisseaux sanguins environnants, pour permettre une bonne revascularisation de l’organe transplanté. Pour cette raison, et parce que les tissus doivent être compatibles au plan immunologique, la donneuse est souvent issue de la famille – mère ou sœur.
D’un point de vue éthique, la transplantation utérine pose de nombreuses questions. À la différence des autres transplantations, dont l’objectif est vital, elle vise à permettre à la receveuse de donner la vie. Il s’agit donc, en réalité, d’une technique d’aide médicale à la procréation. La transplantation est d’ailleurs éphémère : après une ou deux grossesses, il est d’usage de retirer l’utérus implanté, afin d’éviter les risques liés au traitement immunosuppresseur.
Essai en cours à Limoges
En l’état des lois éthiques françaises, la transplantation utérine s’adresse donc aux femmes en couple et incapables de concevoir à cause d’un problème médical : anomalie congénitale (syndrôme MRKH), hystérectomie après cancer ou tuberculose utérine. On estime à 2000 ou 3000 le nombre de femmes en âge de procréer concernées en France. Souvent vue comme une alternative crédible à la gestation pour autrui (GPA), la transplantation utérine avait fait en 2015 l’objet d’un rapport encourageant de l’Académie de médecine.
En France, un essai clinique est en cours depuis l’année dernière au CHU de Limoges, sur huit femmes. Contrairement aux approches employées en Suède et aux États-Unis, il repose sur une transplantation utérine à partir de donneuse décédée. Un choix audacieux : pour l’heure, les grossesses issues de telles transplantations n’ont jamais abouti. Mais un tel procédé aurait l’avantage majeur de s’affranchir du risque pour la donneuse.