ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Pourquoi Johnny a perdu son dernier combat

Johnny

Pourquoi Johnny a perdu son dernier combat

Par le Dr Jean-François Lemoine

Ce formidable battant qui, selon l’expression d’un de ses médecins, s’est battu jusqu’au bout « comme un lion », est mort parce qu’il a vécu avec tous les excès d’une rock star et que l’addition malheureusement pour lui s’appelle le cancer du poumon. Il a bénéficié des avancées thérapeutiques les plus récentes qui malheureusement ont échoué.

public.fr
MOTS-CLÉS :

Fumer tue. On le sait. Johnny le savait. Arrêter de fumer est difficile. Encore plus quand la vie est belle, exceptionnelle comme cette carrière, et que l’on a cette chance insolente qui lui a offert cet itinéraire unique.

Le cancer du poumon ou cancer bronchique se développe le plus souvent à partir des cellules des bronches. On distingue deux grands types de cancers bronchiques : les cancers bronchiques non à petites cellules et les cancers bronchiques à petites cellules. Ils représentent respectivement environ 80 % et 20 % des cancers. C’est cette distinction qui fait la différence dans le pronostic et l’espoir de guérison.

On constate qu'environ 85 % des personnes qui développent un cancer du poumon finissent par en mourir. Ainsi, lorsqu'une personne est diagnostiquée porteuse d'une tumeur au poumon, elle a environ 15 % de chances de vivre 5 ans et plus. Mais Johnny n’ayant pas été opéré, il est probable qu’il souffrait d’un cancer déjà très évolué et qui avait touché d’autres organes.

C’étaient les chiffres autrefois, parce que depuis 5 ans, la cancérologie vit une révolution avec l’arrivée des traitements immunologiques qui ont bouleversé le pronostic de cancers autrefois presque mortels à tout coup, comme le cancer de la peau, le mélanome, où l’on parle même aujourd’hui de guérison. Les essais vont bon train dans la plupart des cancers, avec des succès, en particulier le poumon et ces cancers à petites cellules, la vessie, et des échecs, comme dans le sein.

Ces traitements sont exceptionnels pour certains types de tumeurs que l’on sait parfaitement détecter. C’est une avancée majeure de la médecine moderne de pouvoir prédire l’efficacité des traitements. C’est sans doute cet espoir qui a donné à Johnny cette envie de se battre. Le traitement a probablement été efficace au début, suscitant un réel espoir dans son entourage. Malheureusement, il n’était pas répondeur au plus récent de ces traitements, qui chez lui a échoué.

Merci

Il n’ignorait certainement pas la gravité du mal qui l’a terrassé. Mais si le médecin, en plus d’un immense remerciement pour les moments d’extase qu’il lui a offerts, voulait rajouter un remerciement professionnel, c’est l’exemple qu’il nous a donné pendant les concerts des « Vieilles Canailles ». Il était à l’époque en pleine chimiothérapie – on dit même qu’il avait eu une perfusion le jour du concert parisien – et face à ceux qui se plaignent, même s’ils sont guéris, de la lourdeur des traitements du cancer, il a offert aux 20 000 spectateurs l’image de l’idole formidable qu’il aura été jusqu’au bout, non pas celle d’un septuagénaire diminué et plaintif.

Chapeau l’artiste…