Pour améliorer votre souffle, rien de tel que le sport ! Ce conseil que tout médecin prodigue est pourtant sérieusement battu en brèche par une étude récente.
Ce conseil, de nombreux athlètes de haut niveau doivent regretter amèrement de l’avoir suivi. Car, après avoir mené une enquête sur 1600 sportifs norvégiens de haut niveau, des médecins pneumologues concluent qu’un athlète sur dix souffre d’asthme ou de respiration sifflante. En particulier les marathoniens, les nageurs et les skieurs de fond.
Le cas de Froome n’est donc pas un cas isolé et le constat qu’il y a proportionnellement plus d’asthmatiques chez les sportifs que dans la population générale ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit de dopage. D’autant que le salbutamol est un dopant plutôt assez modeste.
Plusieurs facteurs provoquent un asthme chez les sportifs
Les raisons de l’asthme sont différentes d’un sport à l’autre. Pour le marathon, il semble que les conditions saisonnières soient en cause. Abondance de pollens dans l’air au printemps, froid l’hiver.
Même constatation chez les skieurs de fond, mais il faut ajouter au froid un 2e facteur : l’air sec. Et l’effet de ces 2 facteurs expliquerait pourquoi les membres des équipes nationales suédoise et norvégienne sont « asthmatiques » une fois sur deux.
Dans un environnement tempéré, l’air que respire l’athlète en plein effort s’échauffe doucement à mesure qu’il pénètre dans les voies respiratoires. En revanche, lorsque l’air inhalé est glacé, le réchauffement nécessaire est plus important et les bronches se contractent. En outre, la respiration soutenue que provoque l’effort entraîne une perte abondante de chaleur et d’eau. Des conditions, hélas idéales, pour que certaines cellules des bronches sécrètent une substance qui va engendrer l’inflammation donc diminuer le calibre des tuyaux de nos poumons, ce qui favorise l’asthme.
Une seule parade, en dehors des médicaments, pour tenter de prévenir le phénomène : à un masque que l’on place devant la bouche et le nez. Muni d’une grille métallique creuse, il va contribuer à réchauffer un peu l’air, réduisant ainsi les dégâts.
La natation de compétition est également sur la liste noire de l’asthme, mais là c’est le chlore qui est mis en cause, les nageurs se trouvant exposés à des doses voisines des taux maxima autorisés pour l’industrie.
Le salbutamol : pas forcément un dopage
Autant de tentations pour utiliser les médicaments anti-inflammatoires ou dilatateurs des bronches (bronchodilatateurs), efficaces mais interdits par la lutte anti-dopage… sauf un certificat médical attestant d’une maladie. Mais la dose est alors limitée.
Le comité olympique américain était parvenu à des conclusions similaires au terme des jeux d’Atlanta en 96. Un questionnaire auquel avaient répondu 700 athlètes révélait que 16 % souffraient d’asthme. Le pourcentage très élevé chez les cyclistes, 50 %, avait toutefois semé le doute. A l’époque, on pensait que la majorité de ces asthmatiques était en réalité de faux malades profitant de certificats de complaisance pour se doper en utilisant du salbutamol pour améliorer leur respiration.
L’étude norvégienne apporte donc un démenti possible et permet également d’atténuer les soupçons qu’avaient entraînés les résultats des prises de sang effectuées lors des derniers Tours de France.