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Epidémie

Non, la grippe n’est pas inéluctable : les clés d’une protection efficace

Par Dr Philippe Montereau

La grippe qui sévit chaque année n’est pas une maladie bénigne. Au-delà d’un inconfort certain chez la majorité des gens et des arrêts de travail qui désorganisent la société, elle est responsable d’une mortalité non négligeable, en particulier chez les personnes fragiles. La protection est indispensable.

melis82/epictura

De nombreux virus respiratoires différents de la grippe circulent à la même période que le virus grippal dans la population. Ils peuvent provoquer des signes très similaires à ceux de la grippe. Beaucoup de gens disent « être grippés » dès qu'ils souffrent d’une fièvre avec angine et toux...) et il est difficile de faire la part des « vraies » et « fausses » grippes sans un prélèvement de gorge pour analyse virale (qui n’est pas systématique).
Mais il y a deux choses qui ne trompent pas. La vraie grippe rend ceux qui en souffrent très malades, même les biens portants. L'apparition brutale des signes ainsi que la grande fatigue physique et musculaire qui l'accompagnes sont en faveur de la grippe. Si une infection de ce type survient en période d’épidémie, c’est très certainement une grippe.

Une mortalité sous-estimée

La mortalité liée à la grippe saisonnière est tout particulièrement associée aux surinfections respiratoires, en particulier chez les personnes âgées. Elle dépasse les 600 000 décès annuels dans le monde. En France, l’épidémie 2016-2017 a été à l’origine de plus de 1 500 hospitalisations en réanimation et près de 14 400 décès, essentiellement chez des personnes à risque qui n’étaient pas vaccinées.
Chez les personnes fragiles (personnes âgées, immunodéprimés, femmes enceintes, nourrisson…) ou ayant une maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale…), la grippe est moins bien supportée, elle est souvent plus sévère et des complications peuvent survenir : une infection pulmonaire bactérienne grave (la « pneumonie ») ou une décompensation d’une maladie chronique préexistante (diabète, insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale…).

Des virus qui varient dans le temps

La particularité du virus de la grippe est qu’il change chaque année : en se mélangeant avec des virus grippaux d’origine animale, le virus modifie les protéines qui sont exprimées à sa surface (« hémaglutinine » et « neuraminidase »), ce qui fait qu’il n’est pas reconnu par les systèmes de défense de l’organisme (anticorps et globules blancs). En cas de changement mineur, c’est une épidémie plus ou moins forte. En cas de changement majeur, c’est une pandémie avec des risques très sérieux.
Les virus sont décris en fonction de leur type (A ou B) et des hémaglutinines (« H ») ou neuraminidases qu’ils portent (« N »). En ce début d’épidémie, il y a 3 virus en circulation en métropole : le virus A H1N1 (45 %), le virus A H3N2 (23 %) et le virus B (25 %), mais cette situation peut changer avec la généralisation de l’épidémie.
La répartition est donc différente de celle de l’année dernière où c’était le H3N2 qui avait été responsable de l’épidémie : un virus qui avait entraîné de nombreuses complications chez les personnes âgées et affaiblies.

La vaccination est le premier moyen de protection

La campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière, qui a débuté le 6 octobre, se terminera le 31 janvier. Le vaccin contient les deux virus de type A retrouvés dans les analyses virologiques des malades actuels, mais aussi celui de type B.
La Direction générale de la santé, l’Assurance Maladie et Santé publique France rappellent que la vaccination reste le meilleur moyen pour se protéger contre la grippe et en limiter les complications. Il n’est donc pas trop tard pour se faire vacciner, car la protection devient effective en seulement deux semaines.

Des moyens simples basés sur le risque de contagion

Un malade est contagieux un à 2 jours avant l’apparition des signes de la maladie et le reste 1 à 3 jours après, parfois plus chez l’enfant.
Lors d’une épidémie, les virus de la grippe vont contaminer le malade par voie respiratoire. Inhalés avec l’air infecté, les virus vont se déposer sur les cellules qui tapissent la surface des voies respiratoires : la gorge et les bronches. Il peuvent également se déposer sur les mains lorsque l’on se mouche, et ensuite sur les poignées de porte ou les objets du quotidien et y rester vivants quelques heures, surtout quand il fait froid et humide.

Le cas particulier des nourrissons

Les nourrissons, en particulier ceux de moins de six mois, ont également des risques accrus de complications graves lors d’une grippe.
Toutefois, comme ils ne peuvent pas encore bénéficier du vaccin, ils doivent être protégés par leurs proches grâce aux « gestes barrière » : isolement au domicile pendant l’épidémie, pour ne pas l’exposer à des personnes malades dans les lieux publiques ou les transports en communs, lavage systématique des mains avant de s’en occuper, voire vaccination de l’entourage familial.

Si malgré tout la grippe survient

Il est normal d’être fatigué et mal à l’aise en cas de grippe, et surtout après. Il n’est pas forcément nécessaire d’appeler le médecin qui est souvent débordé en période d’épidémie.
Mais il ne faut pas hésiter à appeler le médecin traitant dans certaines situations à risque :