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Controverse sur les vaccins

11 vaccinations obligatoires : l’INSERM s’engage pour la transparence scientifique

Par Dr Philippe Montereau

L’augmentation de la couverture vaccinale des nourrissons apportera non seulement des bénéfices individuels mais aussi collectifs. L’efficacité et l’innocuité des 11 vaccins obligatoires en France sont scientifiquement prouvées. L’INSERM apporte les éléments scientifiques dans un communiqué.

evgenyataman/epictura

La vaccination constitue l’une des principales interventions de santé publique pour le recul des maladies infectieuses. Elle est tout à fait satisfaisante pour les maladies pour lesquelles elle est obligatoire (polio, tétanos, diphtérie) ou pour celles dont les vaccins sont systématiquement (coqueluche) ou quasiment systématiquement (Hemophilus influenzae b) combinés avec les vaccins obligatoires.
Par contre, pour les autres maladies, et en particulier la rougeole, la couverture vaccinale en France reste notoirement trop faible pour obtenir l’effet attendu sur le fardeau de la maladie, avec des décès et des séquelles à la clé alors qu’ils sont évitables. De plus, cette couverture vaccinale insuffisante ne permet pas l’élimination de la rougeole, entre autres.

Une controverse qui appelle la transparence

Dans le cadre de l’extension de l’obligation vaccinale qui prendra effet en 2018, la vaccination devient un débat dans l’opinion et une controverse, alimentée à plein, tant par les arguments catastrophistes des lobbys anti-vaccins, que par le manque de formation du corps médical et du public sur le sujet.
La France est devenue un des pays au monde où la défiance vaccinale est la plus forte. Cette controverse a lieu alors même que l’obligation vaccinale correspond au calendrier vaccinal actuel (vaccins recommandés) et qu’elle n’ajoute aucun vaccin supplémentaire. Elle vise simplement à faire en sorte que tous les enfants reçoivent effectivement les vaccins qu’ils auraient dû recevoir si le calendrier vaccinal était respecté pour tous les enfants. 

Efficacité et innocuité des 11 vaccins obligatoires

Les 11 vaccins qui seront obligatoires en France sont très efficaces : ils protègent les enfants contre la maladie à 90 % ou plus. Or, les effets indésirables, quand ils existent, sont généralement mineurs et de courte durée.
Certains effets indésirables mineurs sont communs à tous les vaccins injectables qui peuvent en effet entraîner une réaction au site d’injection telle que douleur, rougeur, gonflement (plus de 10 cas sur 100 enfants vaccinés), ainsi que certains effets généraux, également de courte durée, comme de la fièvre ou des douleurs musculaires ou articulaires (1 à 10 cas sur 100 vaccinés).
Des réactions allergiques extrêmement rares peuvent survenir (moins d’un cas sur 450 000 vaccinés) et être graves en l’absence de traitement adéquat. Mais d’autres effets indésirables, parfois attribués à certains vaccins, sont scientifiquement infondés et l’INSERM a fait l’analyse de l’ensemble des données scientifiques pour établir de façon indépendante les faits avérés sur la vaccination.

Pas de lien entre autisme et vaccination contre la rougeole

Les preuves scientifiques de l’absence de lien entre la vaccination contre la rougeole (ou les vaccins rougeole-oreillons-rubéole type ROR) et les maladies inflammatoires de l’intestin ou l’autisme sont nombreuses et de très haut niveau scientifique. Il est par ailleurs avéré que la seule étude qui avait suggéré un lien entre vaccination ROR et autisme était une fraude scientifique. L’article a été depuis rétracté et le médecin radié de l’ordre des médecins britanniques.

Pas de lien entre la sclérose en plaques et la vaccination contre l’hépatite B

De nombreuses études réalisées entre 1996 et 2004 ont rejeté tout risque, et éliminé le lien suspecté entre la vaccination contre le virus de l’hépatite B et des effets indésirables graves chez l’adulte, que ce soit concernant des atteintes neurologiques de type sclérose en plaques ou d’autres maladies auto-immunes.
Il faut aussi noter que la suspicion de lien avec la sclérose en plaques n’a jamais concerné la vaccination du nourrisson.

Pas de toxicité des adjuvants

Parmi les 11 vaccins qui seront obligatoires en France, à l’exception du vaccin ROR (qui est un vaccin vivant), tous contiennent des sels d’aluminium, un adjuvant indispensable au renforcement de leur efficacité (vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche, vaccins contre le pneumocoque et le méningocoque C).
Au vu des données disponibles à ce jour à l’échelle internationale, avec un recul d’utilisation de 90 ans et des centaines de millions de doses injectées, l’innocuité des sels d’aluminium contenus dans les vaccins ne peut être remise en cause. Une équipe de chercheurs français avait suggéré un lien entre la lésion au site d’injection dénommée « myofasciite à macrophages », qui contient des traces d’aluminium (comme un tatouage contient de l’encre) et l’existence de symptômes chroniques non spécifiques tels que fatigue, douleurs musculaires ou articulaires ou troubles cognitifs. L’analyse indépendante par d’autres équipes de leurs résultats n’a pas permis à ce jour de démontrer l’existence de ce lien. Par ailleurs, cette maladie n’a pratiquement pas été observée hors de France alors que les vaccins contenant de l’aluminium sont utilisés partout dans le monde.

Pas de dangers avec les vaccins combinés

Les vaccins combinés ont comme intérêt principal de faciliter la vaccination des nourrissons (moins d’injections, moins de rendez-vous médicaux pour les parents). La réponse immune obtenue pour chacune des infections n’est pas inférieure à celle observée lorsque les différents vaccins sont administrés de manière séparée. Les effets indésirables ne sont pas plus fréquents avec la forme combinée que lors de l’administration séparée (et concomitante) des différents vaccins.
Enfin, les arguments développés par les lobbys anti-vaccins et qui prétendent que les vaccins combinés provoqueraient un « épuisement du système immunitaire » ne reposent sur aucune base scientifique.
La stimulation du système immunitaire induite par un vaccin, fût-il hexavalent, est en effet négligeable par rapport à ses capacités de réponse et par rapport aux très nombreuses stimulations environnementales quotidiennes que reçoit un nourrisson dès sa naissance.

Justification des 11 vaccins obligatoires

Au final, l’impératif d’un taux de couverture élevé pour les 11 vaccins du nourrisson rendus obligatoires en France à partir de 2018 comporte une double justification.
Une justification individuelle par la protection conférée directement à l’enfant vacciné. Lorsqu’un nourrisson est vacciné contre un agent pathogène (un virus ou une bactérie), son système immunitaire apprend à se défendre contre lui. Si la personne vaccinée rencontre par la suite l’agent infectieux, son système immunitaire le reconnaîtra et l’éliminera avant qu’il ne puisse provoquer une maladie.
Une justification collective, par la réduction de la circulation de l’agent pathogène dans la société et donc la diminution du risque de contamination pour les personnes non vaccinées. La vaccination du nourrisson prévient la multiplication de l’agent pathogène chez l’enfant vacciné. Celui-ci ne peut donc pas transmettre l’agent pathogène à son entourage, évitant ainsi à ses proches, et en particulier ceux qui ne sont pas ou ne peuvent pas être vaccinés (nouveau-nés, ou nourrissons trop jeunes pour être vaccinés, personnes âgées, femmes enceintes, personnes malades ou immunodéprimées), d’être contaminés.
Plus la couverture vaccinale est élevée, plus on réduit la circulation de la bactérie ou du virus concernés, et plus on réduit le nombre de cas chez les vaccinés et les non-vaccinés dans la population générale.

Le seuil vaccinal n’est pas couvert pour toutes les infections

Il existe un seuil minimum de couverture vaccinale pour que cette immunité de groupe fonctionne. Ce seuil dépend de la contagiosité de la maladie.
En France, avec une couverture vaccinale de près de 97 % pour la diphtérie, on dépasse le seuil pour l’immunité de groupe et c’est donc la communauté entière qui est protégée. De la même façon, les infections à Haemophilus influenzae b de l’enfant, la rubéole ou les oreillons ont presque été éliminés dans le pays parce que les taux de couverture de leurs vaccins dépassent le seuil d’immunité de groupe pour ces maladies.
En revanche, le niveau actuel de couverture vaccinale contre la rougeole (79 %) reste insuffisant pour permettre une immunité de groupe (seuil d’immunité de groupe = 94 %), et on assiste donc à des résurgences épidémiques de la maladie de grande ampleur (plus de 23 000 cas déclarés en France entre 2008 et 2012, plus de 30 encéphalites et 10 décès). De la même façon, la couverture insuffisante avec le vaccin contre la méningite C (70 % à l’âge de 2 ans, mais faible chez les adolescents et les jeunes adultes) est responsable de la majorité des près de 800 cas et 100 décès survenus depuis 2011.
Par contre, l’expérience de certains pays européens, comme les Pays-Bas, montre qu’on peut réussir à faire presque disparaître des infections à méningocoque C grâce à une couverture vaccinale très élevée chez les enfants de 1 à 18 ans.

Pour la protection de la société française dans son ensemble, et en particulier les personnes les plus fragiles, il est indispensable d’augmenter les niveaux de couverture vaccinale des enfants en France : il s’agit de prévenir des maladies sévères, des séquelles et des décès évitables.
Afin de protéger les personnes qui, pour des raisons médicales, ne peuvent bénéficier de la protection directe de la vaccination et dont la seule protection repose sur l’immunité de groupe, tous les enfants qui ne présentent pas de contre-indications médicales avérées (extrêmement rares) devraient être vaccinés.