ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > La pilule, une cinquantenaire qui a perdu de son charme

La pilule a 50 ans

La pilule, une cinquantenaire qui a perdu de son charme

Par Isabelle Delourdes

La crise de la pilule en 2013 a modifié la contraception en France. Une femme sur 5 a changé de contraception, et la pilule a perdu de sa superbe ! Alors, que font les femmes aujourd’hui ?

MOTS-CLÉS :

Depuis la crise des pilules de dernière génération, les femmes ont changé de moyens de contraception

Le dernier rapport, sans jeu de mots… montre qu’une femme sur 5 a changé de contraception depuis la crise des pilules de dernière génération. C’était début 2013, des plaintes avaient été déposées contre les fabricants de pilules, pour les risques de thrombose auxquels elles exposeraient, bref, il y avait de quoi inquiéter de nombreuses femmes. Et le résultat est qu’elles ont boudé la pilule. Le recours à la contraception orale a baissé de près de 10 % en 3 ans chez les Françaises, selon la dernière étude réalisée par l'Inserm et l’Ined. Après tous ces remous et les alertes sanitaires qui ont suivi, l’image de la pilule s’est bien ternie .

Le déremboursement de ces pilules a joué aussi un rôle. Les pilules de dernière génération ne sont en effet plus remboursées depuis avril 2013. En plus, le conseil a été donné aux médecins de ne plus les prescrire en 1ère intention, d’emblée sans essayer une autre pilule avant. Il reste quand même 41 % de femmes qui prennent la pilule, et ce sont essentiellement des pilules de 2e génération.

Les femmes n’ont pas pour autant abandonné la contraception, comme on pouvait le craindre. Quand il se passe des choses comme la crise des pilules, les médecins ont toujours un peu peur que les femmes abandonnent leur mode de contraception, avec le risque de grossesse non désirée qui va avec. Mais ce n’a pas été le cas. Le nombre d’IVG n’a pas augmenté.

Peu de femmes en France n’ont aucune contraception

Pas beaucoup : actuellement, seules 3 % des femmes n’utilisent aucun moyen contraceptif, soit la même proportion qu’en 2010.

Donc moins de pilules ; que font alors les femmes, puisque la contraception masculine n’est pas au point, à part le préservatif ? Les femmes se sont en partie reportées sur les pilules de 2e génération, mais surtout, elles ont adopté d’autres méthodes, comme le stérilet, le préservatif, mais également des techniques naturelles comme les rapports en dehors des périodes de fécondité, ou encore le retrait. Mais cela reste à risque de grossesse non désirée.

Une baisse encore plus importante chez les jeunes femmes

La baisse du recours à la pilule est particulièrement marquée chez les femmes de moins de 30 ans. Par exemple, entre 25 et 29 ans, l’étude de l’Inserm montre que le choix se porte sur le stérilet.

En fait, ce qui m'a étonné, c’est le choix qui est fait en fonction du niveau social : les femmes sans aucun diplôme se sont davantage tournées vers des méthodes que les médecins considèrent comme les moins efficaces (dates, retrait), tandis que celles qui détiennent un CAP ou un BEP ont choisi le préservatif, et les plus diplômées (Bac+4) le stérilet.

Le stérilet est peu utilisé en France, comparé à d’autres pays

Surtout dans certaines tranches d’âge, comme les moins de 25 ans, ou chez celles qui n’ont pas encore eu d’enfants. Parce que certaines idées fausses persistent concernant le stérilet, et en particulier parmi les médecins : 69 % des gynéco et 84 % des généralistes interrogés en 2010 pensaient que le stérilet n’est pas indiqué pour une femme n'ayant pas eu d'enfant. Et c’est faux, archi faux. La Haute Autorité de santé ne cesse de le répéter et pointer aussi du doigt un tas d’autres idées fausses qui traînent sur le stérilet. Il provoquerait des infections, ou il pourrait être à l’origine d’une infertilité. En fait, toutes les études scientifiques montrent que le stérilet est sans danger, et ne remet nullement en cause la fertilité, même chez les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant.

Et contrairement à une idée fausse, les rapports ne risquent pas de le faire bouger ou d’être gênant. Le stérilet ne perturbe pas le plaisir lors des rapports. Contrairement à la pilule. En effet, une toute dernière étude vient de montrer que la pilule ne serait pas la meilleure alliée du plaisir sexuel. Composée de dérivés d’hormones, la pilule agirait en effet sur le désir sexuel en le diminuant…