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Affaire du Levothyrox

Les variations saisonnières naturelles de l’activité de la thyroïde dirigent notre sexualité

Par Benjamin Badache

Dans le fracas de l’affaire du Levothyrox, il ne faut pas oublier que la thyroïde a des variations physiologiques de son activité. Les chercheurs comprennent mieux maintenant l’influence que ces variations au cours des saisons, ont sur les variations saisonnières de l’humeur, du métabolisme et de la sexualité des humains.

ingridat/epictura

Le fonctionnement des hormones thyroïdiennes explique en partie les changements saisonniers de l'humeur, du métabolisme et de la sexualité, qui affectent les humains. Les coauteurs Tomoya Nakayama et Takashi Yoshimura d’une étude de l'Université de Nagoya, ont analysé la relation entre la longueur de la lumière du jour, la sécrétion de l’hormone (TSH) qui stimule la thyroïde à partir de la base du cerveau (l’hypophyse) et l’activité des ovaires et des testicules chez les mammifères.
Ils se sont intéressés à différentes études comparatives chez divers mammifères, dans lesquelles il apparaît que des molécules telles que la TSH ont été conservées à travers l'évolution.
Ces travaux peuvent aider à faire la lumière sur les mécanismes qui sous-tendent les symptômes de la dépression saisonnière, le gain de poids et la sexualité chez les humains.

La TSH est l’hormone du printemps

Grâce à une série d'études très fouillées, le groupe du Dr Yoshimura a découvert que la T3 produite dans une région de la base du cerveau, l'hypothalamus médio-basal, régule la sécrétion de l'hormone stimulant la sécrétion des hormones sexuelles (GnRH) de façon saisonnière.
« L'augmentation de la triiodothyronine (T3) dépend de l'expression différentielle et de l'activité de la déiodinase de type 2 », commente Peter A. Kopp, professeur de médecine, et professeur à l’Université de Northwestern. « Le plus intéressant réside dans le fait que l'expression de la déiodinase type 2 est régulée par la TSH sécrétée par la pars tuberalis.” Or, la TSH sécrétée par cette source diffère par son mode de glycosylation et elle ne stimule pas le récepteur de la TSH thyroïdienne de la même façon que la TSH qui est sécrétée par une autre région, (la pars distalis) et n’agit pas de la même façon sur le rétrocontrôle habituel : ceci permet au final un surcroît d’activité générale.
Ces études révèlent donc l’existence d’une autre forme de TSH, dont la sécrétion est uniquement saisonnière et qui agirait en tant qu'hormone du printemps.

Ces variations saisonnières dans la régulation de la TSH expliquent les variations saisonnières que l’on retrouve dans l’activité métabolique, l’humeur et la sexualité des humains.