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Syndrome post-Lyme

Maladie de Lyme : 300 malades portent plainte contre l’état et contre la science

Trois cent personnes qui se considèrent atteintes de la maladie de Lyme vont porter plainte au pénal début janvier 2018. Elles demandent notamment le retrait des tests de dépistage ELISA, pas fiables d’après elles. Une assertion contraire à toutes les données scientifiques françaises et internationales.

Maladie de Lyme : 300 malades portent plainte contre l’état et contre la science DennisJacobsen/epictura




Ils sont 300, qui seraient atteints d’une maladie de Lyme, à se regrouper pour une plainte collective inédite en France. Le conflit est basé sur la non-reconnaissance de leur maladie en tant que telle par la médecine au motif que les tests ELISA et Western-Blot ne diagnostiquent pas la maladie dont ils se déclarent atteints.
Début janvier 2018, ils attaqueront, au pénal, l’Etat, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et le Centre national de référence (CNR) de Strasbourg, révèle RMC
Une plainte groupée pour trafic d’influence, abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux, mise en danger de la vie d’autrui, violation du principe d’indépendance des experts et du principe d’absence de conflit d’intérêt. 

Remise en cause des tests validés

Pour ces malades, les tests de dépistage de cette maladie bactérienne, causée par une piqûre de tique, ne sont pas fiables. En France, il n’existe qu’un seul et unique test validé, le test ELISA. En cas de positivité, il est confirmé par un autre test, le « Western-Blot ». En cas de négativité, il n’est pas contrôlé car sa sensibilité est suffisante à la phase d’état de la maladie, à tel point que sa négativité en cas d’arthrite par exemple, doit faire remettre en cause le diagnostic.
Le problème, d’après ces personnes, c’est que le test ELISA ne détecte « que trois à cinq bactéries qui peuvent causer la maladie alors qu’en réalité, il y en a plus d’une dizaine ». Une assertion qui est basée sur une diversité réelle des espèces de borrelia en Europe, mais la maladie n’est réellement causée que par un petit nombre d’entre elles.
Le test ELISA est basé sur une réaction immunoenzymatique qui permet de retrouver dans le sérum des malades les anticorps qu’ils ont fabriqués contre l’antigène de la bactérie. S’il y a eu dans le passé des variations de la performance des différents tests proposés, tout le travail du CNR a consisté à harmoniser ces tests et à ne valider, depuis 2013, que les tests ayant une sensibilité et une spécificité suffisante.

Un diagnostic à géométrie variable

Devant certains symptômes persistants non spécifiques, certains malades se considèrent atteints d’une « maladie de Lyme chronique », une affection qui n’est pas reconnue par la médecine française, ni à l'international. Afin être sûres d’avoir la maladie, certaines personnes vont jusqu’à faire des tests vétérinaires, réputés « plus précis », ou se rendent dans d’autres pays. En Allemagne par exemple, où d’autres tests sont plus facilement accessibles.
Selon Maitre Julien Fouray, l’un des avocats des plaignants, il y aurait donc, actuellement, des personnes malades qui ne sont toujours pas diagnostiquées et elles seraient des dizaines de milliers, actuellement en France. Cependant, un test isolé quel qu’il soit n’est rien : il doit être interprété au regard du tableau clinique pour poser un diagnostic de Lyme, avec des signes cliniques qui sont assez caractéristiques. Ce n’est pas le cas du « Lyme chronique » où l’histoire et les signes cliniques sont non évocateur d’une infection à borrelia et où le test Elisa est très souvent négatif.
Le problème est que la médecine française ne fait pas exception dans le monde et que les consensus des sociétés savantes françaises, belges, suisses, américaines, et même, allemandes sont cohérents entre eux. Le test ELISA est la technique de dépistage universelle et le Western-Blot est une bonne technique de confirmation. Il existe d’autres tests bien sûr, mais qui ne sont pas validés par des études ayant toutes les garanties de sérieux. Cela a néanmoins induit un commerce rémunérateur pour les laboratoires de biologie qui s’y prêtent, en particulier en Allemagne en effet.

Gagner en justice contre la science

Les 300 plaignants réclament 500 000 euros de dommages et intérêts par patient en errance thérapeutique, et le retrait de ces tests ELISA. Avec cette action en justice, les malades cherchent à mettre en lumière un éventuel conflit d’intérêt entre le Centre national de référence (CNR) de Strasbourg et les laboratoires qui fabriquent les tests. Au centre, le directeur du CNR de Strasbourg, expert mandaté par l’Etat et l’ANSM : « Il collabore avec les laboratoires qui fabriquent ces tests ». Les plaignants ont des doutes sur son indépendance. 
Au centre du problème, le diagnostic de maladie de Lyme qui n’est pas validé médicalement chez de nombreuses personnes puisque le tableau clinique dont ils se plaignent n’est pas évocateur (douleurs diffuses, fatigue, problèmes cognitifs…) et que le test ELISA est négatif chez elles.
Si l’on utilisait un autre test, plus souvent positif mais moins spécifique, cela ferait beaucoup plus de « maladies de Lyme » en France. Jusqu’ici, les autorités scientifiques françaises, dont le CNR, considèrent que ces autres tests ne sont, ni spécifiques du Lyme, ni validés scientifiquement. Refusant ces tests, ils font obstacle sur le chemin de la reconnaissance d’une maladie de Lyme chez ces malades. A noter que la France est en cohérence avec ce qui se passe dans les autres pays.

Derrière le faux Lyme, de vraies maladies

À l’origine de la maladie de Lyme, une piqûre de tique en forêt ou dans un parc, au printemps ou en automne. Quelques semaines plus tard, la personne malade voit apparaître le plus souvent une lésion de la peau sur le site de la morsure, l’érythème chronique, puis peuvent apparaître plus tard des troubles articulaires, cardiaques, neurologiques si la maladie n’est pas traitée. Arthrites, douleurs musculaires, paralysie faciale, troubles cardiaques, fièvre … Les symptômes de la maladie de Lyme sont certes divers, mais très caractéristiques, voire spécifique comme l’érythème chronique migrant. 
Si le Lyme est traité correctement, selon les protocoles, et dès la maladie de la peau, la bactérie est éradiquée et ne réapparaît pas, sauf en cas de 2e morsure par une autre tique (avoir été infecté une fois ne protège pas d’une 2e infection).
Il n’y a pas de démonstration scientifique avérée de la persistance de la bactérie dans le corps après un traitement antibiotique bien conduit. Par contre, il y a de multiples exemple de maladies graves qui ont été prises à tort pour une maladie de Lyme et qui ont été traitées trop tard.
Il en est par exemple de la tuberculose, des leucémies et des lymphomes, voire d’autres maladies auto-immunes plus complexes... Il y a aussi des syndromes douloureux chroniques, dont certains sont liés à une « atteinte des petites fibres nerveuses terminales » et qui seraient accessibles à un traitement dans un tiers des cas. Il y en a d’autres dont on ne connaît pas encore la cause, mais qui le seront un jour, si les malades ne sont pas enfermés dans une case « maladie de Lyme chronique ».

La maladie de Lyme chronique n’est pas reconnue par la science, ni en France, ni dans les autres pays. Le test Elisa est le test validé dans tous les pays d’Europe et le travail mené par le CNR a permis d’en corriger certaines imperfections qui existaient avant 2013. Par contre, le retard diagnostique d’autres maladies fait courir un risque de perte de chance pour les malades.

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