« Vapoter » est, pour certains, un substitut de la cigarette. Plus économique et, à priori, moins dangereux pour la santé. Les consommateurs de cannabis semblent penser la même chose. Ils ont trouvé leur substitut : le CBD. Pour « cannabidiol ».
Il s’agit d’une molécule, que l’on peut retrouver dans certains e-liquides depuis plusieurs années déjà. On peut se le procurer sur internet très facilement. Et les flacons de e-liquide au cannabidiol envahissent les vitrines de commerces qui ont pignon sur rue.
Le petit frère du THC
Le cannabidiol n’a pas les mêmes effets que le THC (tétrahydrocannabinol), principe actif du cannabis.
C’est le THC qui provoque la sensation de « défonce » chez le consommateur. Il facilite ainsi l’endormissement. Pour la vente et l’achat, il est strictement interdit au dessus de 0,2%.
Le cannabidiol, lui, n’a pas d’effets psychoactifs à dose normale. Il agit sur la vigilance, augmente la température du corps. Selon certaines études, son efficacité serait intérssantes contre les spasmes musculaires ou la sclérose en plaques… mais seulement quand il est associé, justement, au THC.
L’avantage principal pour les vendeurs est que cette molécule est entourée d’un flou juridique.
Une utilisation détournée de la molécule
En effet, le cannabidiol est légal en France, mais uniquement s’il est sous forme de médicament. Pourtant aujourd’hui, il n’existe pas encore de médicament de la sorte. Des gélules au CBD sont tout de même vendues en ligne. Argument des commerçants : ses vertus thérapeutiques contre la douleur.
Ce sont les mêmes arguments qu’utilisent les vendeurs de e-liquides. Problème : rien ne prouve, à ce jour, ces vertus dues au cannabidiol. Autre problème : rien ne prouve, non plus, les dégâts qu’il peut causer sur la santé. Mais les producteurs et commerçants se sont enfoncés dans la brèche.
Les autorités à la traine
Et les autorités sanitaires sont quelque peu dépassées par l’engouement. Surtout qu’il y a trois ans, la question s’était déjà posée avec la commercialisation du premier joint électronique, baptisé « Kanavape ». La ministre de la santé de l’époque, Marisol Touraine, avait menacé de l’interdire et les créateurs de ce « e-joint » l’avaient alors retiré des ventes. Force est de constater que pendant trois ans, le phénomène continuait de prendre de l'ampleur.
L’Académie de médecine a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Un jeune Français sur deux qui meurt dans un accident de la route a consommé du cannabis et la consommation de cette substance est souvent associée à des troubles psychiques, comme la schizophrénie. Une inquiétude appuyée sur le fait que de nombreux jeunes commencent à consommer de la résine de cannabis dès l’âge de 12 ans.
Selon cette institution, l’avertissement des effets nocifs du cannabis doit être placé « au rang de priorité nationale » et « la consommation de cannabis ne doit pas être banalisée ».