Plusieurs étudiants (16 d’après l’ARS) seraient malades de la rougeole à l’Université de Bordeaux. Les malades font leurs études sur 4 sites universitaires. L’épidémie à l’université devrait régresser avec les vacances, mais le risque de dissémination ailleurs est possible avec le retour des étudiants dans leur foyer.
Un étudiant contaminé par le virus de la rougeole peut en effet être contagieux depuis la veille de l’apparition des signes de la maladie et jusqu’à cinq jours après. Durant cette période de temps, il peut infecter entre 15 et 20 personnes autour de lui.
Une situation sérieuse en France
L’épidémie actuelle de rougeole montre que la France est toujours endémique vis-à-vis de l’infection et n’est pas à l’abri d’une nouvelle épidémie d’ampleur car la carte des infections de 2017 fait apparaître que les diagnostics se répartissent de manière plutôt homogène sur le territoire.
Le scénario d’une épidémie est d’autant plus crédible que la couverture vaccinale est trop faible. Seuls 79 % des bébés de 2 ans sont vaccinés. Or, avec un virus du niveau de contagiosité du paramyxovirus de la rougeole, il faudrait atteindre 95 % de couverture vaccinale afin d’empêcher toute circulation du virus en France.
Une maladie très contagieuse
La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse, liée à un paramyxovirus. Elle se transmet principalement par voie aérienne, par exemple lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie dans l’air des microgouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasopharyngées.
La « période d’incubation » du virus de la rougeole est de 10 à 12 jours pendant laquelle aucun signe n’apparaît. C’est une période muette pendant laquelle le virus se multiplie, mais le malade est contagieux la veille de la déclaration des signes de la maladie.
Une maladie éruptive
Les signes de la rougeole sont typiques et suivent une chronologie précise en rapport avec le développement du virus dans l’organisme.
Les premiers signes se déclenchent lors de la « phase d’invasion ». Elle dure 3 à 4 jours avec une fatigue, de la fièvre à 38°5-40°, une toux sèche, les yeux rouges et le nez qui coule. Les enfants peuvent souvent en plus se plaindre d’un mal de ventre. Dans la bouche, on retrouve des petits points blancs sur la muqueuse des joues, c’est « le signe de Köplik ».
L’éruption cutanée caractéristique arrive de façon brutale au 15ème jour après la contagion, c’est « l’exanthème morbiliforme ». Elle commence derrière les oreilles et descend rapidement sur le visage et le tronc puis sur le corps tout entier. Les boutons sont des taches roses bombées irrégulières, « les maculo-papules », séparées par des intervalles de peau saine. Elles ne démangent pas et disparaissent en 5 à 6 jours.
Des complications sont possibles
Lorsqu’elle se déclare chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles ou dont les défenses immunitaires sont affaiblies, la rougeole peut se compliquer et nécessiter une hospitalisation.
C’est tout d’abord une pneumonie en rapport avec une surinfection des poumons par une bactérie (à traiter par antibiotiques) qui doit être suspectée devant toute fièvre persistante 15 jours avec une toux grasse. Si le malade a des difficultés pour respirer, il s’agit d’une infection grave du poumon qui peut conduire le malade en réanimation. C’est ce qui était arrivée à la jeune fille de 16 ans qui est décédée à Marseille en juillet dernier.
C’est ensuite un risque d’infection virale du cerveau (« encéphalite ») qui doit être suspecté devant tout signe neurologique comme une perte de conscience, une faiblesse musculaire ou une convulsion et qui doit faire consulter rapidement aux urgences. Ces complications peuvent entraîner le décès et donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie.
Pas de traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique antiviral pour soigner la rougeole. Le médecin va donner uniquement des conseils hygiéno-diététiques ou des médicaments pour agir sur les signes cliniques les plus gênants, par exemple, pour baisser la fièvre, on donnera des « antipyrétiques » (paracétamol).
Il n’y a pas d’indication à donner des antibiotiques d’emblée car la rougeole est une infection due à un virus et non à une bactérie, mais cela peut devenir nécessaire secondairement, en cas de surinfection des poumons d’origine bactérienne.
Seule protection : la vaccination
Le seul moyen d’éviter de contracter la rougeole est de se faire vacciner. Le vaccin contre la rougeole n’est pas encore obligatoire mais recommandé chez les nourrissons.
Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle.
En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie.
Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez l’allergique au blanc d’œuf, chez l’immunodéprimé, et pendant la grossesse.
Juguler l’épidémie
Au vu de cette situation, Santé publique France recommande aux professionnels de santé de se montrer vigilants. Face à une rougeole, le calendrier vaccinal des proches doit être systématiquement vérifié. Si le schéma est incomplet, une vaccination en rattrapage ou une prophylaxie post-exposition permettront d’enrayer la propagation du virus.
L’objectif : éviter qu’une épidémie comme celle de 2011 ne se reproduise. En l’espace d’un an, plus de 15 000 personnes avaient été contaminées. Année sombre, puisque 10 décès avaient été recensés.
La France est loin d'être isolée face à cette résurgence de la rougeole. Nos voisins italiens, belges et allemands ont été confrontés à une hausse brutale des cas. A tel point que l'Italie a choisi de rétablir l'obligation vaccinale. Plus à l'est, la Roumanie doit elle aussi combattre une épidémie très active.