L' alerte lancée ce 9 avril par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les risques liés à l'exposition des femmes enceintes et de leurs enfants au bisphénol A (BPA) a abouti à une série de recommandations. L’ANSES préconise notamment de prendre des mesures en vue de réduire l’exposition des femmes manipulant des papiers thermiques contenant ce perturbateur endocrinien ou d’autres composés de la famille des bisphénols, notamment en milieu de travail.
Des mesures qui supposent de trouver des alternatives au BPA (l'Anses en a déjà identifié 73, certaines déjà utilisées ou d'autres qui sont au stade de recherche), mais aussi un consensus au niveau européen.
Mais, pour le moment, l'Europe est plus que divisée sur le sujet des perturbateurs endocriniens. Le Parlement de Strasbourg a par exemple adopté en mars 2013 un rapport très ferme contre l’usage des perturbateurs. Les députés européens invitaient la Commission à adopter le principe de précaution pour protéger la santé humaine. Les défenseurs de la cause ont salué ces conclusions mais leur satisfaction aura été de courte durée.
Le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (Efsa) devait fournir les critères qui permettent de ranger ou non ces molécules de synthèse dans la catégorie des perturbateurs du système hormonal. Autrement dit, condamner ou non ces produits, comme la France l’a fait, par exemple, avec les biberons en plastique.
A l’arrivée, rien de cela. « Il n'existe pas de critère scientifique spécifique défini pour distinguer les effets nocifs potentiels des l’évaluation doit se faire au cas par cas. par rapport à une régulation normale des fonctions corporelles, ou "réponses adaptatives", indique l'Agence européenne. L’Efsa propose de classer les perturbateurs en deux catégories : les substances endocriniennes actives, jugées acceptables pour l’organisme, et les perturbateurs endocriniens , potentiellement nocifs. Une classification qui laisserait toute latitude aux lobbies de l’agro-alimentaire pour orienter les décisions. De plus, des produits chimiques regroupent 800 substances.
Mais l'Efsa doit également rendre un rapport sur le bisphénol A prochainement. Initialement prévu pour l'été 2013 ce rapport sera finalement rendu à l'automne. Les experts de l'Agence européenne veulent tenir compte du « travail considérable effectué par l'Agence française », comme l'explique le Pr Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l'Anses.
Ecoutez le Pr Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l'Anses : « Les experts de l'Efsa ont regardé avec beaucoup d'attention notre travail dont ils ont salué la qualité et l'ampleur. »
Reste à savoir si les arguments avancés par la France sur le BPA seront suffisants à ceux, beaucoup plus économiques, des industriels ?