Longtemps taboue, l'endométriose vient progressivement sur le devant de la scène, notamment grâce au courage de jeunes femmes qui en parlent, comme Enora Malagré.
La chroniqueuse de Touche pas à mon poste a confié, dans une interview au journal Paris Match, avoir décidé de se faire retirer l'utérus en raison d'une endométriose une maladie chronique qui lui a provoqué de nombreuses souffrances et plusieurs fausses-couches. Un calvaire qu’elle n’est pas seule à supporter en France.
Une souffrance au moment des règles
Douleurs du bassin et du ventre pendant les règles, parfois après les rapports sexuels, les symptômes de l’endométriose sont très handicapants pour les 10 à 15 % de femmes qui en souffrent. Cette maladie chronique peut, en plus, provoquer une infertilité dans 25 à 50% des cas.
Pour celles qui persévèrent et parviennent à être enceintes, le combat n’est pas terminé : les grossesses des femmes qui ont souffert d’endométriose sont risquées, d’après les résultats d’une grande méta-analyse, dont les résultats sont parus dans la revue Fertility and sterility.
Une analyse sur plus de 2 millions de femmes
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont revu les données de 24 études sur la grossesse et l’endométriose avec un total de plus de 2 millions de femmes souffrant de la maladie. Ensemble, ces études suggèrent que le risque de naissance prématurée et de fausse-couche sont plus élevés. Les grossesses mènent plus souvent à un mauvais positionnement du placenta (placenta praevia) et à des césariennes. Les nouveau-nés ont donc aussi un poids de naissance inférieur.
Les études précédentes sur l’endométriose et la grossesse avaient rendu des résultats contradictoires, mais la méta-analyse permet de clarifier les choses. Un élément majeur en faveur d'une prise en charge précoce.
Un retard diagnostic préjudiciable au pronostic
Alors qu’une femme sur dix au moins souffre de cette maladie gynécologique, les médecins mettent entre 6 et 8 ans avant de faire le diagnostic. Un retard source d’intenses souffrances à répétition pour les malades. Chez les femmes atteintes d’endométriose, l’endomètre, le tissu qui ne tapisse normalement que l’intérieur de l’utérus, se développe jusque dans les trompes et peut également atteindre les ovaires, voire s’étendre à l’appareil urinaire ou digestif et dans tout le ventre. Or, à chaque période de menstruations, s’il n’y a pas eu de fécondation, ce tissu innervé et vascularisé, qui s’est développé au cours de la première partie du cycle afin de favoriser l'éventuelle nidation d'un ovule fécondé, se désagrège et doit être éliminé.
La France en retard
Malheureusement, ces douleurs au moment des règles, qui apparaissent généralement à l’adolescence, alertent encore peu les médecins. La maladie a alors le temps de s'étendre, de causer des lésions et va finir par impacter directement la fertilité des femmes. Environ 40 % des femmes ayant des difficultés à concevoir leur enfant souffrent d’endométriose. Des conséquences désastreuses alors que des traitements précoces pourraient endiguer l’évolution de la maladie.
En France, la Haute Autorité de santé prévoyait de publier d’ici décembre ses premières recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge de cette maladie… On les attend encore.