Le PET-scan est une technique d’imagerie médicale, qui permet de mesurer en trois dimensions l’activité métabolique ou moléculaire d’un organe ou d’une cancer. C’est aussi un biomarqueur précis de l’étendue et de l’activité d’un lymphome dans le corps.
Sa pertinence est tellement forte, dans certaines études, qu’il semble être le meilleur marqueur pour adapter les traitements de chimiothérapie. Et, en en particulier, pour « désescalader » les chimiothérapies actuelles (le BEACOPP) qui sont certes très efficaces mais non-dénuées d’une certaine toxicité. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’une des 2 principales équipes mondiale du Hodgkin et publiée dans la revue The Lancet.
Une polychimiothérapie de référence
Les malades souffrant d’une maladie de Hodgkin, une forme de cancer du système lymphatique, sont souvent traités avec des associations de chimiothérapies. On parle alors de « polychimiothérapie ». Dans le cas du Hodgkin au stade avancé, le protocole de référence, très efficace, consiste en une série de 8 cures de BEACOPP, une association de sept médicaments (Bléomycine, Etoposide, Doxorubicine, Cyclophosphamide, Vincristine, Procarbazine, Prednisone) à doses fortes (ou « BEACOPP escaladé »). Certaines de ces molécules ont cependant des effets secondaires problématiques.
Le PET-scan, un biomarqueur pertinent
Pour mener cette étude, les chercheurs ont inclu des malades âgés de 18 à 60 ans, atteints d’un Hodgkin au stade avancé. Tous ces malades ont eu un examen PET scan après les 2 premières cures de BEACOPP (« PET-2 »).
Les malades dont le PET-scan révélait une maladie étendue et très active après 2 cures (PET-2 positifs) ont reçu six cycles supplémentaires de BEACOPP (soit 8 cures au total) ou 6 BEACOPP et du rituximab (un anticorps anti-lymphocyte B). Les malades dont le PET-scan ne montrait pas ou quasiment pas de maladie après 2 cures de BEACOPP (PET-2 négatifs) ont été tirés au sort en deux groupes : le premier a eu également six cycles supplémentaires de BEACOPP (protocole normal à 8 cycles), le second a eu un traitement réduit à 2 cycles (BEACOPP réduit à 4 cures au total). Le protocole a ensuite été modifié en fonction des premiers résultats.
Désescalader le traitement
Résultats : pour les malades positifs au PET-scan à 2 cycles, le BEACOPP standard à 8 cycles fait aussi bien à 5 ans sur la survie sans progression que le BEACOPP à 8 cycles avec rituximab (89,7% versus 88,1%, NS) et il est possible de dire que le rituximab n’apporte rien au BEACOPP.
Pour les patients négatifs au PET-scan à 2 cycles, il est possible de réduire le nombre de cycles de traitement à 4, car la survie sans progression à 5 ans est équivalente qu’il y ait 4 cycles ou 8 (92,2% versus 90,2%, NS). Parallèlement, le BEACOPP à 4 cycles a beaucoup moins d’effets secondaires à 5 ans que le BEACOPP standard, que ce soit en termes infections sévères (8% versus 15%) ou de toxicité d’organe (8% versus 18%). Les décès à 5 ans ne sont pas différents entre les 2 groupes (6 versus 4) et ne témoignent pas d’un échappement de la maladie dans le groupe BEACOPP « désescaladé ».
Ainsi, le BEACOPP confirme être le traitement de référence dans la maladie de Hodgkin en stade avancé et l’ajout d’un anticorps anti-CD20, le rituximab, qui marche très bien dans d’autres lymphomes B, n’apporte rien au BEACOPP. Par contre, le PET-scan se révèle un outil particulièrement puissant pour pouvoir désescalader sans risque le traitement chez les malades très bons répondeurs, et ainsi leur éviter des effets secondaires parfois handicapant (fibrose pulmonaire avec la bléomycine).