Ce n'est encore qu'un projet, la classification officielle des maladies de l'OMS ne sera publiée qu'en mai (la dernière date de près de 30 ans) mais il semble que l'"addiction aux jeux y fasse une entrée fracassante. Lorsqu’on emploie le mot addiction, on pense plutôt à la drogue ; pas aux jeux d’argent. Pourtant largement plus d’1 millions de Françaises et Français en souffrent.
Jeu d’argent mais aussi de hasard, parce que le monde moderne nous a aussi amené les jeux vidéo, en particulier sur internet. Là le jeu excessif est plutôt un problème de l’adolescence et constitue d’ailleurs le nouvel « habit » de la crise du même nom.
Comme pour toutes les drogues, c’est l’excès qui est en cause. C’est d’abord un loisir donc une activité utile à l’équilibre social et psychologique. Puis on passe du « jeu social récréatif », au « jeu excessif » dont le bilan est plutôt négatif, puis au jeu véritablement « pathologique ». Et là, on comprend bien, que la vie devient impossible et que l’équilibre du couple ou de la famille devient l’enjeu. Sans jeu de mot !
Officiellement "addict"
Dans cette classification de l'OMS sera considéré comme en addiction ceux qui pendant une année
1 Auront un mauvais rapport de la gestion de son temps par rapport au jeu: trop d'heures passée, pratique nocturne...
2 Donneront la priorité au jeu par rapport aux autre activités de la vie
3 Connaîtrons des répercussions dans leur vie relationnelle.
Cette reconnaissance ne va pas sans faire grincer quelques dents chez les spécialistes des addictions "traditionnelles" qui trouvent que cela donne une importance disproportionnée à ces pratiques ludiques. Mais quand on sait que l'addiction se définit par l'impossibilité de se soustraire à une pratique, de nombreux "gamers" et leur entourage se retrouveront dans cette définition.
Pas d’addiction sans plaisir
Toutes les addictions naissent du plaisir : boire un verre de vin ce peut être délicieux, faire l’amour, magique. C’est la répétition pathologique, irrépressible et la désorganisation de la vie que cela entraîne, qui transforment le plaisir en enfer.
Les jeux mettent en œuvre tous les niveaux de plaisir, du plaisir archaïque, celui de gagner, à des plaisirs plus élaborés comme celui d’échanger des émotions avec les autres. Le jeu permet de se distraire dans un monde imaginaire tout en exprimant sa propre créativité. Tout en donnant à un individu l’impression de s’échapper des contraintes de la réalité. D’ailleurs il n’y a pas de civilisations, de culture où le jeu est absent ; c’est un besoin de l’homme.
Les hormones du plaisir
Le jeu, n’est pas une substance que l’on s’injecte. L’amour non plus ; mais notre cerveau sait fabriquer dans les 2 cas certaines hormones du plaisir qui deviennent indispensables… Comme les endorphines, ces substances proches de la morphine que sécrètent les coureurs de fond pour moins souffrir et qui les rendent accros aux kilomètres. C’est vrai que l’addiction au jeu est moins rapide qu’avec des drogues dures mais elle est réelle.
Comme pour l’alcool, l’état n’est pas mécontent de cette situation, car le jeu fait rentrer beaucoup d’argent dans les caisses, ce qui explique certainement le retard pour prendre le problème à bras le corps.
Des services hospitaliers spécialisés
Heureusement cette addiction se traite. C’est le travail de psychiatres spécialisés. Il faut savoir que le joueur pathologique demande de l’aide tardivement, bien souvent à la phase de désespoir. Il faut donc l’aider avant … Et savoir qu’il y a dans certains hôpitaux, des services spécialisés dans ces traitements.
L’abstinence a peu de sens parce que jouer est une activité innée de l’être humain. En fait, le soin consiste d’abord à essayer dans un premier temps de limiter les conséquences néfastes psychologiques et financières. Pour cela la psychothérapie ou les groupes de parole ont montré leur efficacité. Il ne faut pas non plus faire la fine bouche devant des mesures de contraintes financières qui vont de l’interdiction d’accès aux casinos, aux interdictions bancaires.
Et on attend toujours un cadre législatif précis sur la régulation des jeux en ligne.