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La détresse

Psychiatrie publique : malaise dans les services français

Par Anaïs Col

Dans plusieurs hôpitaux, les soignants en psychiatrie dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et leur manque de moyens.

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Au centre hospitalier Guillaume-Régnier à Rennes, le personnel psychiatrique est en grève depuis près de 9 semaines. Représenté par le syndicat Sud Santé Sociaux, il dénonce le désintérêt de l’Etat et le peu de moyens mis à disposition des services psychiatriques français. Pourtant, les pathologies psychiatriques sont au troisième rang des maladies les plus fréquentes dans l’Hexagone, derrière les cancers et les maladies cardiovasculaires. Mais "le patient est devenu un objet", dénonce à l’AFP Michel Roy, infirmier à l’hôpital de Rennes. "Je dis aux jeunes de fuir". Sur la devanture de l’établissement, des banderoles résument le problème : "hôpital sans lits", "redonnons du sens à notre travail", "souffrance au travail".

Comme le rapporte France Info, près de 1.400 signalements liés à des dysfonctionnements pour cas de violences, manque de lits ou sous-effectifs ont été adressés à la direction, à l'inspection du travail et au préfet. En vain. Selon Goulven Boullion de Sud Santé Sociaux, la grève a été décidée suite au "ras-le-bol" général et à "la tentative de suicide d'une collègue". "Il n'est pas rare de retrouver un collègue seul à 23 heures pour gérer 15 personnes". A Amiens et à Bourges, la situation est la même. Si la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé le dégel de 44 millions d’euros, dont 500 000 seront attribués à l’hôpital Guillaume-Régnier à Rennes, aucun calendrier ni budget n'a encore été avancé. Les services psychiatriques français se sentent lésés.

1 personne sur 5 touchée par un trouble mental en 2020

Les maladies mentales constituent pourtant un enjeu de santé publique majeur. Selon l’Observatoire de la Santé, la dépression touche 18% de la population globale, entrainant chaque année jusqu’à 200 000 tentatives de suicide et dans les cas les plus graves, 10 500 suicides. L’OMS estime qu’une personne sur cinq sera touchée par un trouble mental en 2020, qu’il soit alimentaire, bipolaire, lié à la schizophrénie, à la dépression ou encore à des TOC (troubles obsessionnels compulsifs). A l’heure actuelle en France, 4,3 % de la population générale serait concernée par des troubles phobiques, 12,8 % des personnes ont un jour souffert de troubles anxieux généralisés et 3,7% ont été victimes de troubles bipolaires.