Selon un communiqué du Ministère de la Santé, l’épidémie de grippe est d’une ampleur exceptionnelle, inédite depuis plus de 20 ans. Surtout, le virus qui prédomine, le virus A(H1N1) touche préférentiellement les jeunes de moins de 15 ans avec une multiplication des hospitalisations dans cette population, alors que les urgences sont déjà débordées.
La ministre de la Santé, Mme Agnès Buzyn, a demandé au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) de lancer en urgence une campagne d'information sur les gestes de prévention de la grippe : « les gestes barrière », qui sont efficace pour prévenir la transmission de la grippe.
En ce jour de rentrée scolaire, elle souhaite également que toutes les familles « soient informées sur la nécessité de ne pas envoyer à l'école un enfant qui a potentiellement la grippe ». Les urgences étant débordées, il vaut par ailleurs mieux consulter le médecin traitant en premier.
Pas encore au pic de l'épidémie
En France métropolitaine, la fréquence des syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale est montée à 527 cas pour 100 000 habitants, soit 343 000 nouveaux cas pour la seule semaine des fêtes et une augmentation exponentielle par rapport aux premières semaines de l'épidémie.
Sur la seule semaine du 25 au 31 décembre 2017, près de 12 000 passages aux urgences pour grippe ou syndrome grippal ont été rapportés par Santé publique France, une progression de plus de 80% par rapport à la semaine précédente, dont plus de 1 250 hospitalisations.
Cette épidémie 2017-2018 se caractérise par une très forte intensité, avec une prédominance du virus de type A(H1N1). Surtout, elle touche particulièrement les jeunes : 49% des passages aux urgences pour syndrome grippal concernent les moins de 15 ans, et près de 20% conduisent à une hospitalisation. Or, le pic épidémique n’est pas encore atteint.
Une rentrée scolaire à haut risque
Pour ce jour de rentrée scolaire, le Ministère de la Santé appelle à « ne pas envoyer à l'école un enfant qui a potentiellement la grippe ».
La direction générale de la Santé (DGS), quant à elle, appelle à adopter des gestes simples, les « gestes barrières » pour limiter la transmission de la maladie. Il est donc indispensable que chacun adopte au quotidien les gestes de prévention, notamment en collectivités et dans les transports en commun où il se transmet facilement.
Compte tenu du contexte épidémiologique et des contacts répétés entre les élèves en classe et dans les cours de récréations, les mesures de prévention contre le virus de la grippe en milieu scolaire doivent être renforcées dès la rentrée du 8 janvier d'après la Ministre de la Santé.
Des mesures de prévention
Ces « gestes barrières » sont rappelés par des spots TV et radio d’urgence élaborés avec Santé publique France en cas d’épidémie de grippe de grande ampleur. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a été saisi afin que ces messages de prévention sanitaire soient diffusés le plus largement possible, selon le dispositif prévu par la loi audiovisuelle du 30 septembre 1986. Il existe 7 gestes barrières à adopter pour se protéger contre les virus de l’hiver :
• Geste 1 : se laver les mains
• Geste 2 : se couvrir le nez et la bouche quand on tousse ou éternue
• Geste 3 : se moucher dans un mouchoir à usage unique
• Geste 4 : éviter de se toucher le visage, en particulier le nez et la bouche
Et quand on est atteint par les virus de l’hiver :
• Geste 5 : limiter les sorties, contacter le médecin si besoin
• Geste 6 : limiter les contacts directs et indirects (via les objets)
• Geste 7 : porter un masque (notamment lorsqu’on est en contact avec des personnes fragiles)
La Ministre de la Santé rappelle également qu’il est encore possible de se faire vacciner, la campagne de vaccination se terminant le 31 janvier. Il faut généralement deux semaines pour être immunisé et comme le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint, cela reste un bon moyen de prévention.
Télescopage avec d'autres épidémies
L'épidémie de gastro-entérite a aussi progressé sur le territoire par rapport à la semaine précédente. Sept régions sont maintenant en phase épidémique (Hauts-de-France, Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse), six sont en phase de pré-épidémie, et une seule reste épargnée (Pays de la Loire).
L'épidémie de bronchiolite qui touche les enfants de moins de deux ans progresse également : elle a causé 4 600 passages aux urgences et 715 visites de SOS Médecins (respectivement 6 et 11% de plus que la semaine précédente). Toutes les régions sont en « phase épidémique », à l'exception de l'Île-de-France qui en est sortie après avoir été touchée plus tôt que les autres régions.
Le Ministère, la DGS et les ARS en alerte
Le ministère des Solidarités et de la Santé reste vigilant durant la période épidémique au regard des tensions qui pourraient survenir dans tous les secteurs de l’offre de soins, ainsi qu’à la survenue de toute augmentation des cas graves de grippe.
Les Agences régionales de santé (ARS) sont mobilisées pour assurer la permanence des soins et éviter ainsi l’engorgement des services d’urgences qui travaillent déjà à flux tendus.
Quand consulter un médecin ?
À l’apparition des symptômes de la grippe (fièvre, angine, toux et fatigue brutales), il n’est pas nécessaire de se précipiter à l’hôpital, ni chez le médecin traitant.
Favorisez une consultation chez le médecin s’il s’agit d’un nourrisson, si vous êtes enceinte ou avez plus de 65 ans, ou en cas de maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale…)
Il faut aussi consulter s’il y a une brusque aggravation de la maladie et en l’absence d’amélioration après 72 heures.
Quand aller aux urgences ?
En revanche, il faut se rendre directement aux urgences si la grippe paraît d'emblée très agressive avec une fièvre élevée à plus de 40°C ou mal supportée, et en cas de signes inhabituels : essoufflement au repos ou difficulté pour respirer, toux productive avec expectorations d’aspect purulent, une oppression à la poitrine, des difficultés importantes à bouger, le cou très raide, une sensation de confusion, des convulsions.
Même s’il ne faut pas aller aux urgences « pour rien », la grippe n’est évidemment pas une maladie à prendre à la légère.