Samedi 6 janvier, vers 23 heures, la jeune femme se trouvait à bord d’un TGV parti de Bourg-Saint-Maurice, en Savoie, et à destination de Paris. Elle s’est plainte de douleurs intenses évocatrices de méningite avec l'apparition d'un purpura. Le train a été arrêté (halte non prévue) en gare de Tonnerre pour permettre son évacuation en urgence et son hospitalisation en réanimation à l’hôpital d’Auxerre.
Le diagnostic de méningite a été confirmé par l’ARS (Agence régionale de santé) Bourgogne-Franche-Comté le lundi 8 janvier 2018 qui informe que "le pronostic vital de la jeune femme est engagé". Il s'agit d'une méningite en voie de généralisation, appelée "purpura fulminans", observé dans les forme gravissimes de méningite à méningocoque.
Des analyses sont en cours pour préciser le type de méningocoque. L’entourage de la jeune fille a été traités par antibiotique à visée préventive et les passagers du wagon qui ont eu un contact direct, proche et prolongé ont été appelé pour recevoir le même traitement.
La méningite reste endémique en France
Les méningites fulminantes sont généralement liées à une bactérie, le méningocoque C. Celui-ci est anormalement virulent depuis une dizaine d’année de l'avis même des spécialistes qui ont alerté les autorités de santé. Les chiffres sont hélas venus leur donner raison. 800 cas, 200 décès depuis 2011. Plusieurs ces dernières semaines... Une situation inquiétante et frustrante quand on sait que la vaccination pourrait faire disparaître la maladie... comme au Pays-Bas.
Une infection des enveloppes du cerveau
La méningite est une inflammation des méninges assez fréquente. Elle n'est pas grave lorsqu'elle est due à un virus, ce qui est le cas dans 80% des cas. Elle devient grave si c'est une bactérie et mortelle si c'est une forme fulminante si les soins n'interviennent pas rapidement.
Dans les formes normales, c’est douloureux et très pénible à supporter, il n’y a pas vraiment de traitement spécifique des formes virales et la guérison est la règle. C'est une tout autre histoire avec une bactérie : le liquide céphalo-rachidien devient purulent et tout le système nerveux est en danger. Il s’agit d’une urgence extrême qui heureusement, si le diagnostic est fait à temps, peut bénéficier de l’effet spectaculaire des antibiotiques.
Diagnostic par la ponction lombaire
Pour faire le diagnostic, pour traiter efficacement, un seul geste : la ponction lombaire. Avec une longue aiguille, on va prélever entre deux méninges un peu de liquide. On le fait dans le bas du dos, parce que les méninges recouvrent non seulement le cerveau mais également son prolongement, la moelle épinière. D’où ce prélèvement entre la quatrième et la cinquième vertèbre lombaire, là où se terminent les méninges, là où on peut prélever sans risque de blesser une zone vitale.
La méningite ne touche pas que les enfants.
Il y a environ 8000 cas de méningite par an en France dont prés de 2000 sont des formes graves. Si on insiste sur les enfants c’est parce que chaque année, quelque 500 à 800 personnes sont touchées par une méningite à méningocoque, la forme la plus grave. La plupart sont des nourrissons ou des jeunes enfants. Un sur dix en meure et 6% des « survivants » ont des séquelles importantes.
La vaccination est efficace
A l’heure où de nombreux Français cherchent des arguments pour se convaincre de l’importance de la vaccination, au-delà de cette terrible statistique, il faut en méditer une autre. En France, la couverture vaccinale pour ce virus est de 71 %. Cela peut paraître beaucoup… mais c'est très insuffisant pour éradiquer le méningocoque. D'après Santé Publique France : "Aux Pays-Bas, la couverture vaccinale contre le méningocoque C a atteint 94 %, et la maladie a aujourd’hui disparu. !"
D’où l’importance de rendre la vaccination obligatoire. Et mettre un peu de décence dans les invectives de certains au moment où deux jeunes viennent d’être victime de la méningite à Dijon et à Roye, témoins de la présence de la bactérie un peu partout en France.
D’ailleurs c’est en vaccinant que l’on fera disparaître la maladie. En France, les méningites entraînent une trentaine de décès par an.