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Rapport d'expertise

1300 à 1800 morts : l'onde de choc du Mediator

Par Bruno Martrette

Le nombre des victimes du Mediator a été revu à la hausse par les experts judiciaires de l'affaire. Selon le rapport d'expertise, entre 1300 et 1800 décès à long terme seraient imputables à une valvulopathie.

ESCHER/JDD/SIPA

De 1.300 à 1.800, c'est le nombre des décès à long terme qui seraient imputables à une valvulopathie, d'après les conclusions du rapport d'expertise sur le Mediator présenté ce 12 avril au parquet de Paris.

 

Les experts judicaires de l'affaire ont par ailleurs estimé entre 220 et 300 les décès par valvulopathies à court terme, c'est-à-dire les décès intervenus dans les deux ans et demi après le début de la prise du médicament. Ils ont d'autre part évalué le nombre d'hospitalisations pour insuffisance valvuvaire entre 3100 et 4200. Un rapport toutefois incomplet et sûrement bien éloigné des chifffes réels des victimes du Mediator car « il n'existe aucune évaluation du nombre de décès dus à des hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP), autre grave méfait possible dû au Mediator », ajoutent les experts.

 

Par ailleurs, la commercialisation du médicament, dont les «propriétés anorexigènes puissantes» sont confirmées, aurait dû être suspendue entre 1998 et 2003 par Servier ou par les autorités au vu des premiers signalements précise le rapport. Mais dans les faits, le Mediator a été suspendu en novembre 2009 et retiré définitivement en juillet 2010. Une conclusion qui va dans le sens de la mise en examen, prononcée en mars dernier, à l'encontre de l'Agence du médicament pour « homicides et blessures involontaires ».

Enfin, les experts estiment parallèlement que « l’absence d’informations lisibles concernant le métabolisme du benfluorex et sa parenté avec les anorexigènes n’ont pas permis aux praticiens d’exercer une surveillance adéquate des patients sur le plan cardiovasculaire et pulmonaire ». Autrement dit, les médecins ignoraient le devenir du médicament dans l'organisme et le fait que sa molécule était très proche des anorexigènes, dont on connaissait déjà la toxicité.

 

Pour rappel, une étude a été publiée en février 2012 par le journal spécialisé Pharmacoepidemiology & Drug Safety, elle estimait que le Mediator avait «probablement» causé 3 100 hospitalisations et au moins 1 300 morts par valvulopathie entre 1976 et 2009 en France.