L’étude publiée par le British Dental Journal, conclue que de nombreux patients ont des difficultés à comprendre et à expliquer la terminologie couramment utilisée et qu’« il est essentiel que tous les cliniciens modifient leur langue de manière appropriée au cours des consultations pour fournir des informations de manière globale, afin d'éduquer les patients sur leur état, permettant ainsi une prise de décision éclairée par les patients. »
Qui n’a pas entendu son médecin en France, lui expliquer son état avec des termes incompréhensibles ? C’est une constante des médecins. Toutes générations confondues, parce que le problème ne date pas d’hier et peut être considéré comme une sorte de « complot », qui se perpétue dans le temps, sans que la médecine moderne en soit réellement consciente.
Autrefois les médecins parlaient latin. Molière en tirait d’ailleurs quelques répliques savoureuses. Mais ce langage n’était pas que pédant. Il permettait, en le rendant incompréhensible pour la plupart des malades de conserver un réel pouvoir. On craint ce que l’on ne comprend pas.
Un jour, un roi de France, a décidé que les médecins ne devaient plus employer cette langue, sous peine de lourdes sanctions. Les médecins de l’époque, pour garder ce pouvoir sans enfreindre la loi, ont décidé de passer du latin au langage scientifique, tout aussi imperméable. Le « jargon médical » était né… Et depuis la décision « politique » est devenu tradition
Insupportable pour les patients
A l’époque des réseaux sociaux et où le patient ne supporte plus – à juste titre – de ne pas comprendre ce qu’il lui arrive ou ce qu’on lui fait, cette mauvaise habitude n’est plus supportable. D’autant que l’on sait que, compréhension signifie la plupart du temps efficacité….
Mais les études de médecine ne sont toujours pas faites pour rectifier le tir et cela ne peut être qu’une prise de conscience individuelle. Aux patients de l’exiger.
Détournement des termes médicaux
D’autant que le problème se complique singulièrement avec le détournement des termes médicaux dans le langage populaire.
Par exemple en psychiatrie : Le monde moderne très friand de psychiatrie, s’est délecté à la lecture du descriptifs des maladie pour les adapter, un peu vite, et en abuser dans le langage populaire, loin de leur définition médicale.
Ainsi un peu de méfiance et on devient vite "parano". Alors que la paranoïa est une méfiance maladive. Pour rire, on pourrait définir le paranoïaque comme celui qui lorsqu’il regarde les joueurs de rugby se mettre en mêlée va immédiatement penser : "tiens ils, vont encore parler de moi". Donc si votre mari veut savoir où vous avez déjeuné à midi, il n’est pas "parano"… juste méfiant ou jaloux.
Autre exemple, le maniaque n’est pas en psychiatrie celui qui range trop bien son bureau ou qui bichonne sa voiture le week-end. Celui-là n’est que méticuleux. Non, le maniaque est en psychiatrie, une forme grave de dépressif, donc rien à voir… Prenez le schizo, ce n’est pas l’invité un peu distant d’un repas entre amis mais un individu isolé, indifférent aux éloges ou aux critiques qui précisément vit sans amis dans un isolement social quasi total. Autre mot à la mode : le compulsif qui est, en psychiatrie, un perfectionniste dont ,par exemple, les difficultés à terminer un travail sont quasi insurmontables. Pas le simple ennemi des coléoptères mais l’indécis notable celui qui a une folie du doute, une exigence morale élevée et une rigidité excessive à propos des questions éthiques. La psychiatrie comme toutes les disciplines médicales possède ses définitions extrêmement précises qui doivent être expliquées en termes simples. Et c’est dommage pour le seul plaisir d’un bon mot d’en détourner la précision… ou alors il faut le faire pour tous les domaines de la médecine. Et dire d’une personne qui rougit "c’est un trop vascularisé" ou pour inviter un ami à dîner : "viens chez moi te faire masser les articulations temporo-maxillaires".