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Perte de poids

La chirurgie de l’obésité bouleverse nos gènes

Par Melanie Gomez

L'obésité pèse sur le fonctionnement de nos gènes. Mais, des chercheurs français ont découvert que ces modifications génétiques ne sont pas irrémédiables. Après une importante perte de poids, les gènes retrouvent leur fonctionnement normal. 

VARLEY/SIPA

Nos gènes sont des petits êtres sensibles. Les changements de température ou encore l’alimentation peuvent modifier leur fonctionnement, sans que notre ADN n’en soit pour autant modifié. Et notre organisme en subit parfois les conséquences. Des chercheurs français viennent de se poser la question de savoir si l’obésité, cette maladie qui touche 13% des adultes en France, entraine elle aussi des modifications génétiques ? Et surtout est-ce que ces modifications sont réversibles ?


Jusque là, la plupart des experts avaient tendance à penser qu’une fois l’excès de masse grasse installé et certaines modifications génétiques bien ancrées, il était impossible de revenir en arrière. Comme si le fonctionnement de nos gènes, même si la personne très en surpoids perd un jour plusieurs dizaines de kilos, restait à jamais celui d’un ex-obèse. Pour la 1ère fois, cette étude publiée dans la revue Cell Reports permet de balayer les idées reçues. Non seulement, faire maigrir les obèses présente un intérêt évident pour leur santé, mais cela a aussi des conséquences d’un point de vue génétique. Ces médecins ont voulu savoir si une grosse perte de poids suite à une chirurgie bariatrique chez des obèses très sévères, entrainait des changements sur le fonctionnement de leurs gènes. Des gènes dont le fonctionnement avait déjà été transformé par l’obésité. Bonne nouvelle, la réponse est oui !  
 

Ecoutez le Pr Philippe Froguel, diabétologue au CHRU de Lille : « Chez ces obèses, ils ont regardé s’il y avait des perturbations de fonctionnement sur des gènes, et si après la perte de poids c’était réversible. Résultat, c’est tout à fait réversible ! »


 

Pour résumer l’expérience, ces chercheurs ont réalisé une biopsie de muscle chez ces patientes obèses avant le by-pass, puis une seconde, six mois seulement après l’intervention. La 1ère biopsie a donc permis de mettre en évidence précisément que chez les obèses, plusieurs gènes modifient leur fonctionnement habituel. Ce qui était moins attendu en revanche, c’est qu’à la 2ème biopsie, alors que la perte de poids de ces patientes n’était même pas encore terminée, une grande partie de ces modifications avaient disparu.  

 

Cette découverte permet-elle d’expliquer pourquoi certaines études récentes montrent que la moitié des patients diabétiques de type 2 obèses ayant subi une chirurgie bariatrique sont en rémission complète ou partielle de leur diabète après la chirurgie ? « Pour l’instant, on ne sait pas. Les données actuelles sur les diabétiques en rémission de leur maladie après ce type d’intervention varient encore trop d’une équipe à l’autre. Cela pourrait jouer un rôle, mais il pourrait aussi y avoir une modification hormonale après l’intervention chez ces patients. Une autre hypothèse est que la flore intestinale change après un By-pass, » explique Philippe Froguel. Le by-pass n’est donc pas prêt de devenir le traitement de référence pour tenter de guérir un diabète de type 2.  


Ecoutez le Pr Philippe Froguel :
« Les diabétiques obèses que l’on opère sont très particuliers. En France, l’IMC des diabétiques est en moyenne de 29/30. Ceux qu’on opère sont à 35/40. »

 


La conclusion des auteurs de cette étude est qu’en matière d’obésité et de perte de poids, l’épigénétique, c’est à dire le processus naturel qui fait que les gènes s’adaptent aux changements d’environnement, est loin d’être fixée pour la vie. «  La conséquence de tout ça, c’est qu’on a tout intérêt à faire maigrir les gens le plus tôt possible, tant médicalement que génétiquement »  ajoute le Pr Philippe Froguel. Que ce soit grâce à la chirurgie bariatrique chez les obèses sévères ou par le biais de l’activité physique dans les obésités plus modérées. D’ailleurs cette même équipe de chercheurs a déjà montré dans une étude antérieure, les bénéfices très rapides de la pratique d’une activité physique, sur le fonctionnement des gènes. 


Ecoutez le Pr Philippe Froguel : «
Si on fait de l’activité physique, en quelques minutes cela modifie le fonctionnement des gènes au niveau des muscles. Ces messages sont très optimistes. »