ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Nouveaux revers dans le traitement de l’Alzheimer : de plus en plus de malades, de moins en moins de médicaments…

Maladie d'Alzheimer

Nouveaux revers dans le traitement de l’Alzheimer : de plus en plus de malades, de moins en moins de médicaments…

Par le Dr Jean-François Lemoine

La publication, par le laboratoire Lundbeck, de résultats décevants d’un traitement qui semblait prometteur, conjuguée à l’annonce, par le premier laboratoire au monde, l’américain Pfizer, de l’arrêt de ses recherches sur cette maladie pour se concentrer sur d’autres pathologies, illustre bien le paradoxe d’un mal dont le nombre de personnes atteintes ne cesse de progresser et la pauvreté des solutions proposées. Mais il ne faut pas baisser les bras et surtout dépister de plus en plus tôt.

SIphotography
MOTS-CLÉS :

Un ensemble de signes

En raison du vieillissement de la population et de ses conséquences, la maladie d’Alzheimer est devenue un des problèmes de santé les plus préoccupants pour notre pays. La maladie d’Alzheimer fait peur. C’est ce que l’on appelait autrefois devenir gâteux... On sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un processus très complexe qui se traduit par une espèce de gommage de sa propre vie à l’envers.

La peur suscitée par cette maladie fait évoquer le diagnostic un peu n’importe comment surtout dans les conversations grand public.

Il faut donc  savoir détecter ses signes annonciateurs qui sont à craindre :

- Perte progressive de la capacité de prendre des décisions

- Difficulté à intégrer de nouvelles connaissances

- Difficulté à accomplir les tâches quotidiennes

- Problèmes de langage

- Difficulté de raisonnement

- Changement de personnalité et perte de motivation

- Troubles de la mémoire concernant des faits récents puis plus anciens

- Désorientation dans le temps et dans l’espace, en clair la personne qui souffre ne sait plus quel jour elle est et où elle est.

Mais attention, c’est l'association et la répétition de plusieurs de ces troubles qui doivent alerter.

Ces modifications de quelques détails de la vie quotidienne vont alerter l’entourage,  mais le médecin de famille pourra, alors, s’aider d’une consultation dans un centre spécialisé dans la mémoire, pour rassurer  tous ceux qui – mal informés – s’inquiètent, à la cinquantaine, devant la perte d’un trousseau de clés ou l’oubli d’un rendez-vous. Car égarer ses clefs ou arriver en retard à un rendez-vous, c’est du désordre ou de l’impolitesse, certainement pas une maladie d’Alzheimer.

Il existe deux raisons bien distinctes d’expliquer ces actes involontaires. La plus logique est, incontestablement, le manque d’attention qui ne permet donc pas de se souvenir. Un petit effort de concentration permet facilement de reconstituer l’histoire. Dans la maladie d’Alzheimer, en revanche, il existe un mécanisme, aujourd’hui inconnu, qui empêche à la mémoire de s’imprimer sur notre disque dur qui pourtant fonctionne très bien.

Erreur de diagnostic

Il faut être très précis dans la recherche et l’analyse des signes car on peut se tromper sur le diagnostic de maladie d’Alzheimer : une dépression nerveuse grave et mal traitée peut entraîner une dégradation de la conscience qui y ressemble beaucoup… Et une dépression se traite très bien à la différence de l’Alzheimer qui ne connaît hélas à ce jour aucun traitement.

Il y a aussi ce que l’on appelle les démences vasculaires. Le résultat est un peu le même mais la cause est différente. Dans la maladie d’Alzheimer, il y a des modifications du cerveau qui semble englué dans une espèce de colle dont on saura bien le débarrasser un jour. Pour tout ce qui est vasculaire, c’est la circulation sanguine qui ne fait pas totalement son boulot et cela n’évolue pas de la même façon.

Il n'existe pas actuellement de test unique qui permet de déterminer si une personne est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les médecins, même lorsqu’ils sont quasiment certains du diagnostic, parlent de « maladie d'Alzheimer probable ».  Mais en fait lorsque l’on reprend des milliers de cas on s’aperçoit que ce diagnostic était exact, selon les études, dans 90 % des cas recensés. On peut aussi conclure que dans 10 % des cas il était faux…

La recherche a besoin de malades au début de la maladie

Il faut poursuivre l’effort de dépistage parce que la recherche se focalise désormais sur le tout début de la maladie pour proposer enfin une solution efficace ; et ces malades sont difficiles à retrouver.

Enfin, le dépistage précoce n’est pas qu’une question de traitement mais plutôt un droit, tout simplement… Le droit de savoir, le droit de ne pas perdre de temps pour réaliser un dernier rêve, avoir une dernière conversation de fond, le droit de transmettre. Quelques mois de gagnés à cette période de la vie, c’est l’éternité.