Des boîtes de lait contaminé ont été retrouvés dans certains hypermarchés des grands de la distribution. Une prevue éclatante de l’incapacité des grandes surfaces à gérer la vente de produits médicalisés selon l’Union des Groupements de Pharmaciens d’Officine. Et encore moins celle de médicaments.
Les pharmaciens en pointe sur la sécurité
Dès les premiers retraits-rappels de laits infantiles par la société Lactalis au début du mois de décembre 2017, l’Ordre national des Pharmaciens a travaillé avec les autorités sanitaires (DGS, DGCCRF) et s’est mobilisé pour transmettre les informations aux pharmaciens au fil de l’eau.
La filière pharmaceutique s’est immédiatement organisée pour gérer le retrait des produits infantiles et nutritionnels et approvisionner les pharmacies en produits de substitution. Le problème, c’est qu’on en a aussi retrouvé dans certaines pharmacies.
Défaillance générale
« En termes de proportions, les grandes surfaces sont largement plus responsables que les pharmacies », souligne Laurent Filoche président de UDGPO dans une interview à Sciences et Avenir. Or d’après le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, des boîtes de lait contaminé ont été retrouvés dans 30 grandes surfaces et 44 pharmacies.
Cependant, l’Ordre a averti que, s’il s’avérait que certains pharmaciens avaient continué à délivrer des produits incriminés par les rappels, des procédures disciplinaires seraient immédiatement engagées. Procédures qui ont peu de chances de trouver leur pareille dans la grande distribution.
La guerre du médicament est réveillée
Une affaire Lactalis qui réveille des tensions existant depuis longtemps entre les pharmacies et les grandes surfaces. La vente de médicament sans ordonnance est une revendication historique du groupe E. Leclerc. L’opposition des pharmaciens et le rétro-pédalage du gouvernement n’ont pas permis à ce projet d’aboutir.
Pour Laurent Filoche, l’affaire Lactalis prouve une fois encore l’incapacité des moyennes et grandes surfaces à s’occuper de la vente de médicaments : « Quand on n'est pas capables de gérer des situations qui mettent en danger des bébés, il n'y a pas lieu de revendiquer le droit de vendre des médicaments potentiellement mortels », conclut-il.
Au final, tout le monde, y compris le gouvernement, se renvoie la patate chaude de la responsabilité sur l'affaire du lait contaminé alors que cette affaire met en évidence les défaillances de toute la chaîne, de la production dans l'usine de Lactalis à la mise en vente par les groupes de distributeurs ou les pharmacies. Mais si certains pharmaciens seront sanctionnés, il est sûr que ni l’état, ni les distributeurs ne seront condamnés. Pour Lactalis, les consommateurs apprécieront.