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Assurance maladie

Plus de 10 000 accidents du travail "psychiques" en 2016 en France

Par le Dr Axel de Saint-Cricq

Une étude de l'Assurance Maladie fait état de la déclaration de plus en plus fréquente de troubles psychiques (dépressions, anxiété, stress post-traumatique), qui sont reconnus 7 fois plus souvent comme en maladies professionnelles. Les femmes et les employés au contact du public sont les premières victimes.

HASLOO

En 2016, plus de 10 000 cas de troubles psychiques (dépressions, anxiété, état de stress post-traumatique, burn out) ont été reconnus comme accident du travail, pour un coût estimé à 230 millions d'euros, révèle l'Assurance maladie dans une étude « Santé travail : enjeux et actions », rendue publique ce mardi.
Une hausse sur cinq ans des troubles psychosociaux liés au travail, alors même que le nombre des accidents du travail d’autre nature baisse.
Par ailleurs, 596 troubles psychiques ont été reconnues comme maladie professionnelle la même année, un nombre qui, même s'il reste marginal, a été multiplié par cinq en cinq ans.
L'étude révèle également que le nombre de suicides reconnus en accident du travail oscille annuellement entre 10 et 30.

Une augmentation de la proportion des troubles psychiques

La branche accidents du travail et maladies professionnelles de l'Assurance maladie a étudié les certificats médicaux des 626 000 accidents du travail reconnus en 2016. Parmi eux, environ 10 000 (soit 1,6% contre 1% en 2011) concernaient des troubles psychiques (troubles anxieux, troubles du sommeil, dépression, burn-out, états de stress post-traumatique...).
Les assurés sont de plus en plus nombreux à demander la reconnaissance de leur affection psychique en maladie professionnelle (1100 en 2016 contre 200 en 2012), ce qui renforce la hausse. La reconnaissance d'un accident du travail permet de toucher des indemnités journalières supérieures à celles perçues pour simple maladie, sans limite de durée.

Deux facteurs déclencheurs principaux

Ces accidents du travail peuvent être provoqués par un événement déclencheur extérieur lié au travail, comme dans le cas d'une agression, d'un braquage, d'un attentat... Mais ils peuvent aussi être les révélateurs de conditions de travail intrinsèquement difficiles (altercation violente avec un supérieur...).
La reconnaissance des troubles psychiques au titre des accidents du travail se base sur le certificat médical qui décrit l’accident et ses circonstances.
Au total, le coût de la prise en charge des affections psychiques liées au travail s'élève à 230 millions en 2016 d'euros pour la branche accidents du travail et maladies professionnelles de l'Assurance maladie. Un montant à relativiser au regard de ce que coûtent d’autres maladies, comme les lombalgies (1 milliard) et les troubles musculo-squelettiques (800 millions).

Les femmes et les employés premiers concernés

Les personnes concernées par les troubles psychiques liés au travail ont en moyenne 40 ans, et sont pour la majorité des employés, même si proportionnellement les cadres sont plus touchés.
Dans 60% des cas, il s'agit de femmes, en raison de leur surreprésentation dans certaines professions qui les exposent à une plus forte exposition aux risques psycho-sociaux liée.
La durée des arrêts liés à un accident du travail pour affection psychique est en moyenne bien plus longue (112 jours) que pour les accidents du travail en général (65 jours).

Toxicité du contact avec le public

Le secteur médico-social concentre ainsi à lui seul 20% des affections psychiques reconnues en accident du travail, alors qu'il emploie 10% des salariés. Les transports (15% des affections psychiques) et le commerce de détail (13%) sont également fortement représentés.
Ces trois secteurs ont en commun d'être en contact avec le public, selon l'Assurance maladie.
Les affections psychiques qui ont fait l’objet de reconnaissance en maladie professionnelle sont en premier des dépressions (77 %), puis des troubles anxieux (11 %), des états de stress post-traumatique (10 %), et d’autres troubles mentaux et du comportement.

L’Assurance-maladie, qui a réalisé ce bilan afin de d’identifier les secteurs et les salariés les plus touchés pour orienter les mesures préventives. Elle invite les entreprises à renforcer leurs actions de prévention des risques psychosociaux dans ce cadre et encourage les salariés à se tourner vers leurs représentants du personnel pour obtenir les déclarations de sinistres.