Parmi les causes non encore établies avec certitudes mais fortement suspectées, il y a la sécrétion par le cerveau d’une substance que l’on appelle une protéine béta-amyloïde en vulgarisant à l’extrême une sorte de « colle » qui bloque la circulation de l’information récente dans le cerveau.
270 personnes, normales d’un point de vue cognitif, ont accepté que l’on suive l’évolution de cette protéine, et leur santé mentale.
Les résultats sont significatifs et ont montré que le taux de Béta-amyloïde était en relation avec l’augmentation des symptômes anxieux dépressifs au cours du temps chez ces sujets âgés indemnes de ces symptômes au départ.
Ce travail suggèrent une association directe ou indirecte de niveaux élevés de bêta-amyloïde avec l'aggravation des symptômes anxieux-dépressifs et soutiennent l'hypothèse que les symptômes neuropsychiatriques émergents représentent une manifestation précoce de la maladie d'Alzheimer préclinique.
C’est une nouvelle extrêmement importante car on sait désormais que, les traitements n’ayant pratiquement aucun effet une fois la maladie installée, les enjeux de ce grave problème de santé publique des années à venir se jouent en amont, avant même les premiers symptômes. Pour prévenir et traiter très tôt. Que ce soit avec des produits contre l’anxiété ou la dépression ou de nouveaux produits que la recherche est en train de mettre au points et dont les premiers essais commencent.
Le diagnostic anxiété-dépression : pas simple
Souffrir d’anxiété c’est parfois souffrir de vraies maladies, comme les obsessions, les tics, les phobies ou les troubles paniques. Là, pas d’hésitation, le problème est évident et le traitement classique. Ce qui n’est pas le cas de l’anxiété banale dont souffre 5 millions de Français.
Le problème est que dans la forme banale de l’anxiété, personne n’ose parler de symptôme. Ce serait même la rançon de la vie moderne. Or, “avoir les boules” “se faire prendre aux tripes” ou encore “avoir l’estomac noué”, cela peut très bien se transformer en maladie. On ne parle plus alors de caractère anxieux mais de maladie anxieuse. Une nuance que ne perçoit pas toujours celui qui en souffre, mais, que l’entourage est souvent en mesure d’exprimer. Tout le débat est donc de savoir si c’est normal ou pas. La normalité est une notion qui revient souvent quand il s’agit de consulter pour un problème d’ordre psychique alors qu’il est aisé de démontrer que la normalité est une notion bien futile
L’anxiété ne doit pas devenir souffrance
En fait, il faut absolument savoir que dès que l’anxiété devient souffrance, elle doit être étudiée et, bien évidemment, traitée. Faut-il alors consulter un psychiatre ? Pas forcément, car le généraliste est souvent l’interlocuteur privilégié qui connaît le mieux son malade, mais qui n’a peut-être pas eu le temps de sentir le malaise. Il pourra juger du degré de sévérité et décider lui-même de se faire aider ou pas par un spécialiste. Car, il faut savoir que le traitement est efficace dans près de 90 % des cas, ce que ne peuvent pas dire tous les secteurs de la médecine.
Traiter l’anxiété et la dépression de l’Alzheimer
En ce qui concerne le lien avec la maladie d’Alzheimer, tous ces résultats plaident pour une conduite pratique qui n’est pas politiquement correcte, mais qui paraît évidente : Dans le doute traiter les malades chez qui on soupçonne une maladie d’Alzheimer et dont on fait mal la différence avec l’anxiété et la dépression. Le médecin et son malade ont tout à gagner au prix d’effets secondaires possibles beaucoup moins grave que la maladie traitée.