Quelle est la différence entre la FIV et la PMA ?
Pendant longtemps, les problèmes de bioéthique et de fertilité étaient résumés par la FIV, la Fécondation In Vitro, qui n’est pourtant qu’une des techniques de ce que l’on appelle la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. La PMA est l’ensemble de pratiques cliniques et biologiques, où la médecine intervient, plus ou moins directement, dans la procréation. Et dans ce domaine, le débat fait rage depuis quelques années, nécessitant des arbitrages urgents et délicats.
Mais nous y sommes… La loi impose en effet une révision des règles de bioéthique tous les 7 ans. La précédente datait de 2011. Les six prochains mois médiatiques seront résolument éthiques.
Pourquoi une révision sur ce sujet ?
Cette révision s’impose pour plusieurs raisons : l’avancée de la science, la recherche permanente permettent de passer assez vite du rêve à la réalité, encore plus lorsque le marketing peut servir de catalyseur. C’est aussi un domaine qui s’invite facilement en politique, d’où la passion des débats au nom du grand principe républicain : « pour tous ».
Pourquoi avoir recours à ces techniques ?
Un enfant pour tous les couples qui ne peuvent pas en avoir.
Environ un couple sur six a des difficultés pour avoir des enfants.
Qu’appelle-t-on les embryons surnuméraires ?
Si le problème est d’ordre « mécanique », mais que les deux parents ont des ovules et des spermatozoïdes capables de fécondation, 1978 et la naissance de Louise Brown, le premier « Bébé éprouvette » restera celle de la naissance de la FIV, la Fécondation In Vitro, qui n’a cessé depuis de s’améliorer.
Au point que quelques spermatozoïdes suffisent aujourd’hui pour féconder des embryons peu nombreux et que l’on sait aussi éviter les grossesses multiples du début. En effet, la stimulation des ovaires étant plus efficace que le besoin, la plupart des couples disposent d’embryons en « trop ». Peu de problèmes éthiques avec la FIV ; plutôt des satisfactions, sauf le problème de ces embryons surnuméraires, dont la recherche a terriblement besoin. Un peu plus de clarté sur les conditions d’utilisation sera bienvenue, parce que sans nouvelle du couple pendant 5 ans, le centre peut mettre fin à la conservation des embryons.
Le don de sperme (et d’ovocytes) restera-t-il anonyme ?
Si l’homme ne peut pas fournir de spermatozoïdes, le don de sperme est là pour résoudre assez facilement le problème. Depuis longtemps et sans réels problèmes éthiques, même si les centres spécialisés, les CECOS, alertent régulièrement sur les besoins de donneurs. La situation ne va pas s’arranger avec l’actualité récente et l’histoire de ce jeune homme qui a retrouvé son père biologique grâce à une enquête, pas à la portée de tout le monde, mais efficace. Cette aventure risque de donner l’idée a d’autres… Mais elle ouvre surtout la discussion sur le « bien-fondé » éthique de l’anonymat qui est pour le moment la règle. Les donneurs seront-ils demain aussi généreux si quelques enfants inconnus viennent réclamer leurs droits évidents en cas de paternité prouvée ? Un dossier qui n’était pas spécialement prévu dans cette révision, mais qui va inévitablement s’inviter.
Pour la femme qui ne peut pas mettre d’ovules à la disposition du projet de maternité, le don d’ovocytes (c’est le stade où l’ovule est prêt à être fécondé) existe et obéit aux mêmes règles éthiques que le don de sperme.
Peut-on mettre des spermatozoïdes ou les ovocytes de « côté » ?
Pour l’homme, c’est simple et bon marché. Cela consiste à congeler des paillettes de sperme dans l’azote et à les mettre à disposition à la demande. Les cas de prélèvement, avant par exemple une chimiothérapie ou une castration chimique médicale, sont nombreux et bien organisés. L’utilisation post mortem par la veuve est une autre utilisation à débattre.
Pour la femme, la congélation d’ovocytes pour des raisons médicales est, elle aussi, parfaitement possible dans notre pays.
Peut-on garder des ovocytes pour une grossesse ultérieure, sans raisons médicales ?
Cette préservation, pour des raisons de « précaution de vie » est interdite. Pourtant, les demandes sont de plus en plus nombreuses, parce que le désir de maternité est de plus en plus fréquent après 35 ans. On connaît les difficultés à cet âge, d’où le souhait de nombreuses femmes, de faire une stimulation avant cet âge, et de faire prélever des ovocytes, qui restent ensuite à la disposition de la future maman, dès qu’elle aura trouvé un père potentiel. La plupart des femmes qui font cette démarche vont donc en Belgique et surtout en Espagne, où, pour plusieurs milliers d’Euros, quelques ordonnances complices de médecins français (pour la période pendant laquelle les ovaires de la candidate sont stimulés avant le prélèvement), les ovocytes sont prélevés et conservés dans l’azote liquide.
La pression est importante pour que la révision se penche sur ce problème.
Les couples du même sexe
Pour ceux qui ne veulent pas faire une adoption mais participer activement au projet d’enfant, plusieurs solutions existent.
La PMA pour toutes ?
Pour les couples féminins qui font pratiquer une insémination artificielle de l’une ou l’autre des femmes, la technique est simple et la même que pour un couple hétéro où l’homme est stérile. Le problème intervient au moment de déclarer l’enfant, qui ne peut avoir deux « mères » légales ! Parmi les dossiers chauds de cette révision bioéthique, la PMA pour toutes est certainement celui qui sera le plus discuté puisque la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes / hommes a récemment confirmé la promesse de campagne d'Emmanuel Macron : en 2018, la PMA pour toutes les femmes sera présentée au Parlement.
Aujourd’hui, les couples qui veulent le faire officiellement vont, soit en Belgique, soit en Espagne, et se retrouvent après devant un vide législatif.
Qu’est-ce que la GPA ?
Pour les couples masculins dont un des deux veut être le père biologique, il n’existe qu’une possibilité : la GPA, la Gestation Pour Autrui, ce que l’on appelait autrefois les « mères porteuses ». Pour le moment, la loi est catégorique, elle est interdite, et il n’est pas prévu que le débat législatif soit ouvert.
En conclusion, des sujets nombreux, probablement passionnés, dont certains descendront inévitablement dans la rue.