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Tueur silencieux

Attention au sel, qui est un ennemi bien caché

Par le Dr Jean-François Lemoine

Chaque Français consomme, la plupart du temps sans s’en rendre compte, en moyenne 4 kilos de sel par an, soit près de 2 fois la dose limite fixée par l’Organisation mondiale de la santé. Il faut apprendre où se cache le sel dans l’alimentation.

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La vie ne manque pas de sel…

L’histoire de la médecine non plus d’ailleurs. Souvenez-vous. La biscotte sans sel, la baguette sans sel, l’horreur absolue des régimes de nos parents dès qu’ils avaient une tension artérielle un peu élevée. Et puis, dans les années 90, avec le retour à une tolérance plus importante, les cardiologues nous ont dit de ne pas trop saler, mais de conserver le plaisir de la gastronomie… En se méfiant des sels cachés. Et c’est là que le conseil devient un peu pervers. Surtout si l’on en croit un rapport officiel, qui date d’ailleurs de quelques années, qui tentait de démontrer que le sel ajouté à l’excès dans les aliments par l’industrie agroalimentaire provoquerait chaque année 75 000 accidents cardiovasculaires dont 25 000 mortels. Un chiffre tellement élevé que de nombreux spécialistes avaient parlé au moment de cette publication de données farfelues.

Objectif : moins 20 %

Elles ne le sont sans doute pas tant que cela, et l’objectif défini par les médecins et le ministère de la santé est aujourd’hui de faire baisser la teneur en sel des aliments vendus dans le commerce, avec un but clairement affiché de réduire de 20 % à court terme l’apport moyen de sel des Français. Alors, pourquoi cette « sur-salaison » par les industriels ? Et bien pour truquer le poids en retenant l’eau, donc vendre plus cher… Mais également paraît-il, donner soif et encourager la consommation de boissons, produites par ces mêmes groupes. Sont visées en priorité : les boulangeries et charcuteries industrielles, ainsi que de nombreuses conserves. Réaction extrêmement violente des professionnels de l’agroalimentaire, car cette réduction de 20 % de teneur en sel provoquerait un manque à gagner de 6 milliards d’euros. Une réaction que l’on peut comparer aux pressions qu’exercent les lobbies de l’alcool et du tabac. Mais là également avec peu de chances de susciter la compassion, car on sait que chaque Français consomme en moyenne 4 kilos de sel par an, soit près de 2 fois la dose limite fixée par l’Organisation mondiale de la santé. Toutefois, il faut également responsabiliser un peu les futurs malades, car c’est aussi à table, avec la salière, que l’on dépasse quotidiennement les limites fixées par la médecine.