Un ancien rugbyman, père de famille dans la région de Tours, Thierry Marteau, soufre d'un cancer de la prostate métastasé mais ne peut pas se traiter avec un produit innovant, le radium 223, qui n'est pas remboursé en France.
Chaque année en France, environ 9000 hommes décèdent d’un cancer de la prostate métastasé. Il s’agit d’une maladie touchant principalement, mais pas toujours, les hommes âgés.
Selon des études et les meilleurs experts, le dichlorure de radium 223, commercialisé en France sous le nom de Xofigo® est très intéressant dans le cancer de la prostate métastasé. Il a une autorisation européenne de mise sur le marché depuis 2013, mais il n'est toujours pas remboursé en France, en dépit de son dossier scientifique solide.
Comme une bouteille à la mer
Il s’agit d’un traitement administré sous forme d’injection, et à faire jusqu’à six fois maximum. Le hic, c’est qu’il n’est pas remboursé et coûte très cher. Entre 4000 et 5000€ l’injection, soit 30 000 Euros pour le traitement. Des milliers de malades ne peuvent donc pas y avoir accès, alors que des vies sont en jeu. Un phénomène de non-remboursement des médicaments qui ont une autorisation de mise sur le marché que l'on observe de plus en plus en France.
Pour cette raison, plusieurs grands médecins spécialistes des cancers de l’homme, parmi lesquels les professeurs Christophe Hennequin et Stéphane Culine (Hôpital Saint-Louis, Paris) ou encore Karim Fizazi (Institut Gustave Roussy, Villejuif), et des associations de malades (APCLP-CERHOM) avaient envoyé un courrier solennel au Ministre de la santé en décembre 2017 pour arrêter de « se faire balader » par l’administration. Celle-ci traîne pour accorder le remboursement et permettre ainsi l’accès au traitement aux malades qui le méritent en France.
La pétition de Thierry Marteau s'inscrit dans cette démarche, un texte lancé début janvier "comme une bouteille à la mer" un soir qu'il était "bouffé par le sentiment d'injustice et par la colère", selon ce qu'il a confié à nos confrères de La Nouvelle République.
Un traitement accessible ailleurs en Europe
Autorisé sur le marché européen depuis 2013, le dichlorure de radium 223 est toujours quasi-inaccessible en France.
A titre de comparaison, il a été prescrit seulement 64 fois dans l’Hexagone, contre plus de 3000 fois en Allemagne.
N’étant pas remboursé, les médecins ne peuvent pas le prescrire en externe sauf à le faire payer par le malade. Si c’est le cas lors d’une hospitalisation, c’est souvent l’administration de l’hôpital qui bloque. Car ce serait alors à l’hôpital de payer sur son enveloppe budgétaire le traitement, or celle-ci ne peut pas supporter ce type de coûts en période d’austérité budgétaire.
De plus, le dichlorure de radium 223 n’est pas un traitement curatif. Efficace sur les malades d’un cancer de la prostate à un stade avancé, il permet de gagner du temps, d’allonger notablement la survie et d’améliorer la qualité de vie en diminuant les douleurs.
Le Ministère de la santé déjà alerté
Il y a plus d’un an, sous le gouvernement de François Hollande, un médecin avait déjà tenté de faire bouger les choses. Pierre-Luc Étienne, cancérologue à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), avait aidé l’un de ses patients à contacter le gouvernement et les autorités de santé. Ce patient en question, mettait déjà en avant ses douleurs osseuses, qui pourraient être apaisées grâce au dichlorure de radium 223. Mais ses lettres sont restées sans réponse.
Le docteur Pierre-Luc Étienne, déplore également la responsabilité des laboratoires, qui fixent des prix bien au-dessus des coûts de production. Et ce, au péril de la santé des malades.