Cent jours, c’est le temps d’attente pour consulter un ophtalmologiste en France. Mais ce délai moyen cache des disparités immenses : dans certaines zones, il faut parfois plus d’un an pour obtenir un rendez-vous. Très actif sur la question, le syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a estimé vendredi dernier que 2018 constituerait un tournant, après une année 2017 où les délais d’attente ont stagné.
« La réduction des délais d’attente demeure notre objectif prioritaire, un an après le lancement de la campagne « Zéro Délai en 2022 », explique le Dr Thierry Bour, président du Snof, dans le communiqué. Pierre angulaire de cet objectif ambitieux, la délégation de tâche entre les ophtalmologistes et les deux professions associées – orthoptistes et opticiens – doit se voir généralisée en 2018.
Les orthoptistes de plus en plus sollicités
Le nouveau protocole de renouvellement d’optiques devrait ainsi permettre de réduire à deux semaines le délai d’attente pour obtenir de nouvelles lunettes. Il s’agit de confier à un orthoptiste le bilan visuel pour les patients ne présentant pas de risque particulier, l’ophtalmologiste restant maître de la prescription. Déjà en vigueur dans certains cabinets, ce protocole doit être généralisé cette année. Les modalités de facturation sont en cours de négociation entre le Snof et l’Assurance maladie.
Autre avancée attendue pour cette année : la mise en place des contrats de coopération pour les soins visuels. Cette disposition permet aux cabinets d’ophtalmologistes d’embaucher et former un jeune orthoptiste, en échange d’une « aide à l’investissement » de 8000 euros par an. Aujourd’hui, 40 à 45 % des cabinets d’ophtalmologistes collaborent avec un orthoptiste. Le Snof mise sur un taux de 60 % dans les trois ans.
Zéro délai en 2022 ?
La mise en œuvre de la délégation de tâche est une piste cruciale pour lutter contre les délais d’attente interminables. Avec 250 départs à la retraite par an, contre environ 150 nouveaux praticiens formés chaque année, le nombre total d’ophtalmologistes en France ne cesse quant à lui de décroître. En parallèle, le vieillissement de la population, l’augmentation de certaines pathologies (l’épidémie de myopies) et les progrès dans la prise en charge (dans la DMLA, par exemple) accroissent la demande.
L’année dernière, le Snof avait interpellé les candidats à la présidentielle avec un objectif : « zéro délai en 2022 ». Mais le nombre d’ophtalmologistes formés est en baisse depuis deux ans : du fait de la réforme des études de médecine, seuls 141 postes d’internat ont été ouverts par le ministère cette année, contre 152 en 2016. Avec cette baisse programmée du nombre de praticiens, l’équation s'annonce pour le moins complexe.