Dans une étude réalisée à l’université Mc Gill, au Canada, le propranolol, un médicament à visée cardiovasculaire et utilisé dans l’insuffisance coronaire, l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle, serait efficace également dans le syndrome de stress post-traumatique, en association à une psychothérapie cognitivo-comportementale.
Dans ce syndrome qui peut apparaître après une guerre, un viol, un attentat, une catastrophe ou, simplement, un accident, la souffrance est liée à un souvenir ou un rappel de l'évènement traumatique particulier, souvenir qui persiste sur le long terme s’il est « consolidé ». Le PTSD est ainsi un trouble issu d'un désordre de la mémoire lié à la reconsolidation du souvenir traumatisant.
Or, d’après l’étude qui est parue dans la revue American Journal of Psychiatry, le propranolol serait à même d’interférer avec ce processus de reconsolidation du souvenir traumatique et ainsi dégrader la « trace mnésique », ce qui est conservé dans la mémoire.
Efficacité du propranolol contre le stress
Le propranolol, un bêta-bloquant noradrénergique, est une molécule ancienne très efficace dans les maladies cardiovasculaires comme l’insuffisance coronaire, l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle. Elle intervient sur différents récepteurs, dont certains situés dans le système nerveux autonome, ce qui a conduit à une utilisation détournée pour gérer le stress des examens et des représentations publiques.
Dans les syndrome de stress post-traumatique, les chercheurs canadiens avaient mis en évidence que le propranolol passe la barrière hémato-encéphalique pour aller dans le cerveau prévenir les processus de reconsolidation du souvenir traumatisant. Il est en effet admis que les souvenir consolidés peuvent redevenir labiles avant d'être reconsolidés et que le propranolol perturbe ces processus et évite la solidification du souvenir.
Le propranolol renforce l’efficacité de la psychothérapie
Dans leur étude, les canadiens ont testé l’intérêt du propranolol en association à une psychothérapie cognitivo-comportementale.
Il s’agissait d’une étude en double aveugle versus placebo qui a été réalisée chez 60 adultes souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique déjà ancien. Ce syndrome était secondaire à différents événements traumatisants comme une agression physique, un viol, un accident de la route, des évènements stressants liés à la guerre (captivité ou blessure)…
Le propranolol était donné, une fois par semaine pendant 6 semaines, et 90 minutes avant une séance de psychothérapie cognitivo-comportementale, visant à réactiver le souvenir traumatisant pour travailler dessus.
Des résultats très significatifs
Au terme des 6 semaines de l’étude, les symptômes de stress post-traumatiques, évalués par le médecin sur l’échelle internationale CAPS, ont été plus réduits dans le groupe propranolol que dans le groupe placebo avec une différence significative de 11,50 points. Selon l’évaluation réalisée par le malade avec une 2e échelle, l’échelle PCL-S, la différence atteint 14,58 points et elle est à nouveau significative.
A noter que cette analyse a été réalisée selon des critères extrêmement sévères (intention de traiter, c’est-à-dire que chaque malade est analysé dans sont groupe de randomisation d’origine, qu’il suive ou non son traitement).
Selon l’examinateur, l’amélioration globale dépasse les 40% dans le groupe propranolol contre moins du quart dans le groupe placebo. Selon les malades, cette amélioration est encore plus importante.
Une confirmation sur le long terme
Déjà suspectée dans des études de moins bonne qualité, l’efficacité de l’association propranolol et psychothérapie cognitive est largement démontrée à cours terme dans cette étude de bonne qualité et la petite taille de l’échantillon témoigne de l’importance de l’effet thérapeutique. Il reste à reproduire ces résultats dans d’autres études et surtout de vérifier que ces bons résultats se maintiennent sur le long terme.
En France, une étude plus vaste (objectif de 400 malades) a été mise en place avec cette même molécule sur les victimes de l’attentat de Nice. En raison d'un retard de recrutement des malades, cette étude pourrait être étendue à d’autres victimes de catastrophe.