« Nous avons trouvé une association très forte entre la durée de l'allaitement et le risque de développer un diabète, même après avoir pris en compte tous les facteurs de risque confondants », se félicite Erica P. Gunderson, l’auteur principal d’une étude parue dans JAMA Internal Medicine.
Dans cette étude qui a duré 30 ans, les femmes qui ont allaité pendant au moins six mois ont vu leur risque de développer un diabète de type 2 diminuer de 47 % par rapport à celles qui n'ont pas allaité du tout.
L'incidence du diabète diminuait graduellement à mesure que la durée de l'allaitement augmentait, indépendamment de l’origine, du diabète gestationnel, des habitudes de vie, de la taille corporelle et d'autres facteurs de risque métabolique mesurés avant la grossesse.
« Nous savons depuis longtemps que l'allaitement maternel présente de nombreux avantages tant pour les mères que pour les bébés, mais les preuves antérieures n'ont montré que de faibles effets sur les maladies chroniques chez les femmes », explique Tracy Flanagan, directrice du pole santé des femmes de Kaiser Permanente. « Maintenant, nous voyons une protection beaucoup plus forte. Les infirmières, les hôpitaux et les décideurs devraient aider les femmes et leurs familles à allaiter le plus longtemps possible ».
L’allaitement maternel n’a plus la cote en France
Sauf pour un individu rétrograde et donneur de leçon – il y en a suffisamment –, on peut juste rappeler que, si une grande marque automobile avait choisi l’image de l’allaitement au sein pour vanter les vertus de l’airbag, c’est qu’il a longtemps été le symbole du bonheur, du moins celui de la sérénité pour l’enfant… et de l’abnégation pour la mère… Ce qui explique sans doute qu’il n’a plus la cote auprès des Françaises modernes...
Nous sommes même, en effet, la lanterne rouge des pays européens. Plus d’une femme sur deux, par manque de temps ou peut-être tout simplement par peur de voir sa poitrine s’effondrer, a choisi le biberon.
Ce n’est pas par désintéressement de la santé de leurs enfants, car jamais celle-ci n’a été aussi importante ! C’est donc plus certainement par mode, par manque d’information ou tout simplement qu’elles n’en ont pas envie. Il faut bien avouer que les laits artificiels maternisés sont très présents, dès la naissance, gratuits même à la maternité, et qu’ils offrent à la jeune maman – du moins jusqu’à ces derniers jours et l’affaire Lactalis – une solution simple, non angoissante, presque parfaite d’un point de vue nutritionnel et économique.
Une incitation à allaiter
En plus de ces nouveaux résultats sur la prévention du diabète, et un nombre croissant de preuves que l'allaitement maternel a des effets protecteurs pour les mères (réduction du risque de cancer du sein et de l'ovaire, entre autres), les propriétés de l’allaitement maternel, de façon plus générale, sont triples.
D’abord dans le registre diététique. La composition du lait varie en cours de tétée, acide au début puis de plus en plus gras, et que surtout, elle change en fonction des besoins du bébé. C’est également par le lait que la mère va fournir des éléments protecteurs à son enfant. Ensuite, il y a l’argument économique, le coût du lait en poudre, mais il est douteux face au débat sur la reprise du travail qui, pour certaines mères, représente un véritable chantage à l’emploi. Enfin, il y a l’aspect psychologique, car ce n’est pas simplement du lait que la mère offre à son enfant, mais également un moment de véritable fusion qui ne peut pas être anodin pour l’équilibre futur.
Malgré tout cela, la tendance est de culpabiliser les femmes. Et on a tort, car aucune étude médicale ne montre qu’allaiter son enfant lui offre plus de garanties d’être mieux dans sa peau ou dans sa tête. Une fois informée objectivement, sans aucun esprit sectaire –car les intégristes ne sont jamais très loin –, c’est à la future maman de choisir. Il n’y a qu’une seule règle impérative : une fois la décision prise, il faut la respecter et ne plus en parler.