L'Agence de Santé Régionale de la Nouvelle Aquitaine vient de révéler le nombre de rougeole constatée dans cette région : 115 cas de rougeole depuis novembre 2107, dont 16 sur le campus universitaire, 32 hospitalisations et 1 malade en réanimation. Les autorités de santé annoncent, par ailleurs, un autre foyer d'infection à Poitiers. Mais il est probable que les chiffres ne soient pas meilleurs dans les autres régions. Pour les spécialistes des maladies infectieuses et ceux de la vaccination, nous sommes devant une épidémie.
Ce qui ne les surprend pas, mais renforce leur colère, car c'est désormais le cas chaque année, depuis 2008, alors que la France participe au plan d'élimination de cette maladie mis en place par l'Europe, entre 2005 et 2010. Un plan d'élimination qui devait, théoriquement, conduire à ce qu'il n'y ait plus d'épidémies, même minimes. Avec un succès à la clé dans les pays du nord de l'Europe qui ont appliqué la politique, en particulier aux Pays-Bas, où la maladie a carrément disparu.
Un retard diagnostic fréquent
La rougeole est une maladie infectieuse d'origine virale et qui donne des petites plaque rouge sur la peau au 15e jour. Avant, il y a eu une dizaine de jours d'incubation du virus, sans aucun signe, mais contagieuse à la fin, puis une phase d'invasion où la personne infectée n'a pas eu de signe sur la peau : elle a de la fièvre, les yeux rouges, elle tousse (ce qui accroît la dissémination du virus) et les enfants peuvent avoir mal au ventre.
Le début n'est donc pas typique pour les jeunes médecins qui n'ont jamais rencontré cette maladie au cours de leurs études. Or, chaque jour favorise la dissémination : on estime qu'une personne infectée peut contaminer 15 à 20 personnes.
Une grave épidémie de rougeole sévit ainsi actuellement dans la partie indonésienne de la Papouasie avec plus de 800 enfants dénutris hospitalisés, de nombreux morts... Si vous voulez voir le passé de la rougeole... ou son avenir, bienvenue en Irian Jaya.
En cause la couverture vaccinale imparfaite
La diminution ou l'éradication d'une maladie infectieuse est proportionnelle à son degré d'infectiosité et au taux de vaccination, qui est clairement insuffisant en France. Dans notre pays, la maladie avait, dans un premier temps, pratiquement disparu et les cas se comptaient sur les doigts de la main. Un pic en 2005 a changé la donne. L'Agence Régionale de Nouvelle-Aquitaine avoue l'échec. La couverture vaccinale y est insuffisante : elle varie de 70,8% à 81% quand l'OMS recommande une couverture de 95% pour espérer éradiquer la maladie. Ce qui est atteint aux Pays-Bas, où la maladie a disparu.
Depuis le 1er janvier 2008, plus de 23 000 cas de rougeole ont été déclarés en France, dont près de 15 000 cas notifiés en 2011.Le combat n’est pas gagné, loin de là, comme le confirme ce qui est probablement un nouveau pic.
Le « civisme » sanitaire reste premier rempart contre les épidémies Rappelons que le vaccin, qui se fait en deux injections, s'appelle le ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Il est recommandé entre 12 et 18 mois et peut être rattrapé à tout âge.
Pas toujours bénigne
La rougeole, dans la plupart des cas, n'était pas considérée comme une maladie grave. Toutefois, le ton a changé de la part des autorités de santé qui parlent aujourd'hui de maladie hautement contagieuse à prendre au sérieux. Depuis 2008, plus de 1 000 cas ont présenté des complications, des hospitalisations et 10 sont décédés. C’est pourquoi elle est redevenue une maladie à déclaration obligatoire...
Le vaccin est efficace, mais cette histoire démontre que se vacciner, c’est certes se protéger, mais aussi protéger les autres. On a les moyens de faire disparaître ces maladies. Dans son communiqué, l'ARS met en avant "une couverture vaccinale insuffisante", notamment en Nouvelle-Aquitaine, et plus particulièrement en Gironde. Probablement les même constatations seront tirées dans le Poitou.
Les microbes frappent les groupes
La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse, liée à un "paramyxovirus". Elle se transmet principalement par voie aérienne, par exemple lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie dans l’air des micro-gouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasales et les expectorations.
Pour se disséminer, le virus aime donc la promiscuité, les réunions. Quoi de plus favorable qu’un campus d’étudiants ? C’est de celui du campus universitaire qu’est partie l’épidémie Bordelaise. La phase de contagiosité démarre la veille de l’apparition des premiers symptômes et s’étend jusqu’à 5 jours après le début de l’apparition des boutons. Ainsi, une personne contaminée, selon les spécialistes, en contamine 15 à 20 autres.
La rougeole n'est pas une maladie bénigne
La rougeole peut se compliquer, en particulier chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles, et conduire à une hospitalisation. C’est tout d’abord une pneumonie en rapport avec une surinfection par une bactérie. Il s’agit d’une infection grave du poumon qui peut conduire le malade en réanimation. C’est ensuite un risque d’infection virale du cerveau (« encéphalite »). Ces complications peuvent entraîner le décès et donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie.
Seule protection : la vaccination
Le seul moyen d’éviter de contracter la rougeole est de se faire vacciner. Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez l’allergique au blanc d’œuf, chez l’immunodéprimé, et pendant la grossesse.
Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle.
En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie (vaccination de rattrapage).