La cour d'appel d'Aix-en-Provence vient de condamner le 11 janvier un médecin à verser 192 920 euros à un de ses malades dont une suite d'erreurs de diagnostic avait conduit l’ablation de ses testicules.
Il avait consulté une première fois aux urgences de l'hôpital Laveran le 7 décembre 2009 pour de violentes douleurs des testicules et avait été renvoyé chez lui. Consultant le lendemain pour la persistance des douleurs à la maison médicale voisine, une échographie n'a rien révélée.
Finalement hospitalisé le 19 février 2009, l'homme a du être castré pour une torsion des testicules ayant entraîné la nécrose des testicules et la perte de leur fonction.
La torsion du testicule survient sans raison
Le testicule est suspendu dans les bourses à un pédicule où passe le canal efférent par où passe les spermatozoïdes et les vaisseaux sanguin nourriciers. La torsion du testicule peut survenir brutalement sans facteur déclenchant particulier. Les artères qui apportent le sang oxygéné sont alors compressées et le testicule est en ischémie et se nécrose. Le testicule assure la production de spermatozoïdes et d'hormones mâles.
La conclusion de cette affaire intervient la même semaine où une femme attaque le gynécologue, qui a « oublié » cinq compresses et un gant dans son vagin, après une ablation de l’utérus. Les histoires de doigt, bras ou jambe, enlevés par erreur, sont aussi des grands classiques des histoires d’erreurs médicales.
L’exemple des Etats-Unis
« Vous êtes certains que votre médecin n’a pas fait une erreur médicale ? Attaquons-le ensemble… Vous ne savez pas pourquoi ? Lui le sait. »
Cette vilaine blague machiste des années 90 a été détournée par un cabinet d’avocats du sud des Etats-Unis.
Ces avocats spécialisés sont rémunérés uniquement en cas de succès. Un tiers de ce que gagne le patient. Ce qui représente des sommes extrêmement importantes et reste – pour le moment – interdit en France.
Ce système n’est pas sans conséquences, puisque n’importe qui peut se lancer dans un procès, en se moquant du coût de celui-ci, si l’avocat accepte de jouer le jeu. Et ils sont nombreux puisque ce qui réussit pour un fait médical est facile à répliquer à l’infini… C’est ce système qui justifie le recrutement publicitaire par ceux que la profession appelle les « ambulance chasers », les chasseurs d’ambulance. Joli surnom.
Mais les médecins font beaucoup d’erreurs
En Angleterre, le British Medical Journal s’est penché, en 2016, sur l’estimation des erreurs dues aux médecins. Un chiffre pas facile à obtenir, mais la conclusion est qu’environ 200 000 malades décèderaient de causes médicales évitables. Ces chiffres prennent en compte les milliers de morts dus aux infections attrapées à l’hôpital, et où la faute est probablement collective (trop d’antibiotiques prescrits et consommés, par les hommes et les animaux, hygiène médiocre…).
En France, on ne dispose pas de chiffres officiels. Celui qui court chez les médecins est de 20 à 30 000 décès. Mais les erreurs non mortelles, comme celles qui viennent de faire la une des médias, ne sont pas correctement répertoriées au niveau national.
Les plaintes doivent cependant être suffisamment nombreuses pour que, un rapide tour sur Internet vous le montrera, certains cabinets fassent désormais paraître des annonces payantes sur la toile.
Il faut dire que quelques procès récents et célèbres donnent le vertige, par le montant des sommes obtenues.
Ce n’est pas à nous de juger, mais si deux testicules valent 100 000 euros pièce, on peut imaginer les prix d’un bras ou d’une jambe, erreur de côté par le chirurgien au moment d’amputer, ce qui peut paraître incroyable, mais s’est déjà malheureusement produit.