La sclérose en plaques est la 2e cause de handicap chez l’adulte jeune, juste après les accidents de la route. Compte tenu de cette fréquence, la recherche est extrêmement active. On sait depuis peu qu’il s’agit d’une maladie inflammatoire due probablement à une réaction de notre organisme à une agression extérieure – peut-être un virus – chez des gens ayant une prédisposition génétique.
Deux femmes pour un homme
Quatre vingt mille personnes atteintes en France, deux millions dans le monde, avec une originalité, jusqu'à aujourd'hui inexpliquée, deux femmes touchées pour un homme. Des chercheurs de l'université de Northwestern, aux Etats-Unis, ont découvert pourquoi les hommes étaient moins susceptibles de développer une sclérose en plaques que les femmes. En identifiant une molécule - dont la production est déclenchée par un niveau de testostérone élevé dans le sang - ils ont découvert qu'elle contribuait à les protéger de la maladie.
Au cours de cette étude, publiée dans PNAS, des souris femelles modifiées génétiquement pour avoir un maladie auto-immune du cerveau comme la sclérose en plaques ont été traitées avec de l'interleukine IL-33, une molécule qui aurait une effet protecteur contre la maladie. La production de cette interleukine IL-33 est induite par un niveau élevé de testostérone dans le sang.
"Cela explique le risque plus réduit chez les hommes, de développer une sclérose en plaques et d'autres maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaque) par rapport aux femmes, s’enthousiasme Melissa Brown, professeur de microbiologie à l'Université de Northwestern. Ces résultats pourraient conduire à un nouveau type de traitement pour la SEP, via l'interleukine IL-33 ou les voies qu'elle stimule, et dont nous avons grandement besoin."
La testostérone en rempart
En effet, les femmes auraient trois à quatre fois plus de risque de souffrir d'une SEP que les hommes car leur taux de testostérone naturelle est 7 à 8 fois plus bas que chez les hommes. D'autre par, la SEP se déclenche plus tard dans la vie chez les hommes, à un âge où leur taux de testostérone commence à baisser. Mais jusqu'à présent, les scientifiques n’avaient pas compris comment la testostérone pouvait fournir une protection aux hommes.
"C'est pourquoi il est essentiel d'étudier les différences entre les sexes dans la recherche", a martelé Dr. Brown. La testostérone, administrée à des hommes souffrant de SEP a eu une influence positive sur la destruction de myéline et la dégénérescence des fibres nerveuses, mais ce traitement n'est pas possible à long terme. Par contre donner la protéine IL-33 dont la production est induite par la testostérone, ou stimuler par une autre voie la réponse immunologique de type Th-2 du système immunitaire, serait envisageable.
Une maladie qui attaque la myéline
En cas de sclérose en plaque, il existe un déséquilibre du système immunitaire et les cellules de ce système, en particulier Th-17, attaquent la gaine de myéline (la substance blanche qui enveloppe les cellules nerveuses ou "neurones").
A l'origine, cette gaine de myéline agit comme un isolant et aide à envoyer des signaux nerveux du cerveau et de la moelle épinière vers le reste du corps. Lorsque la gaine de myéline est endommagée, la conduction normale du signal nerveux est interrompue, ce qui peut entraîner une variété de symptômes neurologiques, tels que des troubles sensoriels, une perte de la fonction motrice et des déficits cognitifs.
Une nouvelle molécule prometteuse
La testostérone favorise le développement de la formation de cellules du système immunitaire inné, les mastocytes qui produisent à leur tour une protéine ayant un rôle clé dans la cascade de l'inflammation, la cytokine IL-33.
Celle-ci déclenche à son tour l'activation d'une cascade de protéines de l'inflammation qui empêche la sur-expression d'un autre type de cellules immunitaires, appelées cellules Th17, qui elles peuvent directement attaquer la myéline. C’est grâce à ce mécanisme d'inhibition directe des lymphocytes Th-17, via l'IL-33, que les hommes jeunes seraient mieux protégés de la sclérose en plaque que les femmes.