Marisol Touraine devrait autoriser dans les prochains jours la vente des autotests du sida. Sous certaines conditions, le comité national d’éthique avait donné un avis favorable en précisant que le débat devait être élargi à d’autres tests, génétiques par exemple, réalisés sans accompagnement médical.
Interdits en France, ces petits kits sont en vente à l’étranger et disponibles sur internet. Ils permettent de vérifier une filiation ou de savoir si une personne présente une prédisposition génétique à une maladie, diabète, hypertension, Alzheimer, par exemple. Pour Emmanuelle Prada-Bordenave, ces pratiques présentent un risque. Interrogée par Pierre Bienvault dans le journal La Croix, la directrice de l’Agence de biomédecine estime que le conseil génétique doit s’inscrire dans « une démarche de soins et d’accompagnement ».
Mais surtout, Emmanuelle Prada-Bordenave souligne les interprétations erronées ou abusives des résultats. Les pathologies en question ne sont pas monogéniques. D’autres facteurs, comme l’alimentation ou le mode de vie, ont une influence sur le déclenchement de la maladie.
Ces tests peuvent donc inquiéter à tort des personnes, ou, au contraire, les rassurer. « Imaginons le cas d’une femme qui va acheter un test pour savoir si elle est porteuse ou non d’un gène de prédisposition au cancer du sein », indique au quotidien la directrice de l’Agence de biomédecine. Si le test s’avère négatif, cette femme peut croire qu’elle sera à l’abri de la maladie. « Elle peut alors négliger certaines mesures de prévention », poursuit Emmanuelle Prada-Bordenave. Dans le cas contraire, « ces tests vont créer des angoisses inutiles ».
Autre danger, le test génétique ne concerne pas seulement la personne qui le réalise, mais toute la famille. Pour la responsable de l’Agence de biomédecine, cette information peut être « dévastatrice si elle n’est pas délivrée avec toutes les précisions et nuances nécessaires ».
Avec l’objectif de délivrer une information éclairée au grand public, notamment sur les composantes génétiques des maladies, l’Agence ouvrira fin 2013 un site internet.