La phalloplastie, ou chirurgie de reconstruction du pénis, est l’opération qui permet aux personnes transgenres de changer de sexe. Une personne née femme, souhaitant devenir un homme, a recours à ce type de chirurgie pour ne plus avoir d’organes génitaux féminins.
Mais des personnes dites "cisgenres", c’est à dire nées de sexe masculin, peuvent aussi avoir recours à ce type de chirurgie, après un accident par exemple. Une étude américaine, publiée dans Plastic and Reconstructive Surgery, revue officielle de l’American Society of Plastic Surgeons (ASPS) et relayée sur le site EurekAlert, montre en quoi cette opération est plus risquée pour les patients transgenres.
La phalloplastie, comment ça marche ?
Changer de sexe n’est pas une opération anodine. En France, elle nécessite un suivi psychologique de deux ans environ. Un psychologue (ou psychiatre) est chargé de déterminer si le patient est sûr de son choix et si le changement de sexe n'aura pas de conséquences psychologiques trop lourdes. Ce suivi permet aussi au patient d’obtenir un remboursement de la Sécurité sociale.
Ensuite, l’opération consiste à suturer le vagin. On prélève une partie de la peau de l’avant-bras et on la roule, pour former un pénis. La peau des grandes lèvres sert à former le scrotum, qui entoure des testicules en silicone. Les petites lèvres à former l'urètre, le conduit qui évacue l'urine depuis la vessie. Il est important de noter que le patient, avec son nouveau pénis, ne peut pas avoir d’érection "normale". Il faut soit un implant pénien, soit installer un système de pompe dans le scrotum. C’est la personne elle-même qui active la pompe pour avoir une érection.
Quels sont les risques ?
Une opération de reconstruction du pénis dure une dizaine d’heures. C’est beaucoup. Et les risques de complications sont nombreux : nécrose du pénis (qui nécessite alors une ablation), formation de caillots de sang, infection, hématome… Il arrive que ces complications entrainent une nouvelle opération. Ce qui a des répercussions sur la santé du patient, mais aussi sur son bien-être psychologique.
Pourquoi les personnes transgenres sont les plus exposées ?
Jeffrey B. Friedrich, docteur à l’Université de Wasgington, aux Etats-Unis et ses collègues ont analysé les résultats de cinquante études relatives à la phalloplastie. Une partie concernait des changements de sexe, une autre des personnes de sexe masculin.
La principale différence entre les deux groupes concerne les complications liées à l’urêtre. Sur 869 patients transgenres, 39,4% d’entre eux en ont subies, contre 24,8% pour les patients « cisgenres » (sur 482). Selon le Dr Friedrich, la reconstruction serait évidemment plus difficile chez des patients qui n’avaient pas de pénis auparavant. De plus, il y aurait moins de complications lorsque la formation de l’urêtre, ou urétroplastie, se fait en une fois et pas en plusieurs. Pour les chercheurs, cela doit pousser les professionnels de santé à adapter leur chirurgie en fonction des patients.