La controverse autour de ce médicament se poursuit : une patiente a saisi le conseil d’Etat le 24 janvier pour réclamer le droit de prescrire du Baclofène à fortes doses aux personnes alcooliques. "Il y a une vraie urgence : 40 000 personnes sont en danger immédiat de rechute dans leur addiction à l’alcool", a déclaré son mari Thomas Maës-Martin, fondateur du collectif Baclohelp cité par Ouest France. Deux recours ont été déposés : l’un en annulation pour contester l’interdiction et l’autre pour demander sa suspension en urgence. La date de l’audience n’est pas encore connue.
De 300 mg par jour à 80 mg
En 2004, le Professeur Olivier AMEISEN a découvert que prescrit à hautes doses, ce relaxant musculaire était efficace pour la guérison de l'alcoolo - dépendance. Le médicament est donc prescrit pour ces raisons à partir de 2014, mais en juillet 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publie une étude coréalisée par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) et l’Inserm, concluant que le niveau de sécurité du médicament est "préoccupant" lorsqu’il est utilisé à forte dose chez les personnes alcooliques. Dans la foulée, l’ANSM réduit la dose de prescription à 80 mg par jour, contre 300 mg auparavant "compte tenu du risque accru d’hospitalisation et de décès".
"Bien sûr, il y a des effets secondaires au début d’ordre psychiatrique essentiellement, concède Thomas Maës-Martin, raison pour laquelle ce médicament doit être donné par des médecins compétents. Mais ça passe au bout de trois mois et le Baclofène peut sortir des gens de 30 ans d’alcoolisme en quelques mois". Mais le Baclofène est-il réellement efficace dans le sevrage des personnes dépendantes à l’alcool ?
Baclofène, un placebo ?
L’étude ALPADIR publiée dans Alcohol and Alcoholism en mai 2017, a démontré que le Baclofène ne provoque pas de différence majeure par rapport à un placebo. 320 adultes alcooliques ont été recrutés dans les services d’addictologie français. Du Baclofène a été prescrit à la moitié d’entre eux, tandis que les autres volontaires ont reçu un placebo. Il a été observé après six mois de traitement que la molécule avait une faible efficacité : 12 % des patients sous médicament n’ont pas consommé d’alcool pendant 20 semaines consécutives, contre 10,5 % dans le groupe placebo. Le Baclofène, réalité ou illusion ?