L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une perte soudaine et brusque de la fonction cérébrale provoquée par un arrêt de la circulation sanguine dans une partie du cerveau. Chaque année en France, 150 000 AVC se produisent, soit un toutes les 4 minutes. Une personne sur 5 décède dans le mois qui suit, un tiers devient dépendant et un quart ne reprend jamais d’activité professionnelle. Selon la Fédération Nationale des AVC, "10 000 à 15 000 personnes de moins de 45 ans en pleine activité voient leur vie bouleversée" des suites d’un accident vasculaire cérébral.
La prévalence et la gravité de l’AVC encouragent la recherche. Une équipe de neurologues et de neurochirurgiens de l’Université Loyola Medicine de Chicago, aux Etats-Unis, affirme dans la revue MedLink Neurology que les techniques permettant de restaurer le flux sanguin dans les zones du cerveau affectées par un AVC ont connu "une explosion spectaculaire" ces dernières années. Notamment grâce à la thrombectomie mécanique.
Qu’est-ce que la thrombectomie ?
80% des AVC sont ischémiques, c’est-à-dire qu’ils sont provoqués par un caillot de sang qui bouche une artère. La thrombectomie permet justement l’ablation d’un caillot de sang via des cathéters : ceux-ci sont insérés au niveau de la cuisse et remontent au cerveau via l'artère bouchée. Au bout du cathéter se trouve une sorte de stent, c'est-à-dire une espèce de piège à caillot formé de mailles en métal.
Après 3 minutes, le cathéter est retiré, emportant avec lui le caillot. Cette étape est la plus délicate de l’intervention. Réalisée le plus souvent sous anesthésie locale (même si l'anesthésie générale est possible), cette opération ne provoque pas de douleur. "La thrombectomie demande beaucoup de technicité et ne peut être réalisée que dans des blocs équipés en imagerie", explique à Ouest France Jean-Yves Gauvrit, chef du pôle imagerie du CHU de Rennes et neuroradiologue. "C’est la pratique la plus courante pour les AVC. Elle donne des résultats satisfaisants sur les petits caillots. Par contre elle est beaucoup moins efficace sur les plus gros".
"La thrombectomie peut faire la différence"
L’étude DAWN publiée en novembre 2017 a été menée sur 206 victimes d’AVC, arrivées à l’hôpital entre 6 et 24 heures après le début de l’accident. Une partie d’entre elles a été soumise à un traitement médical classique, l’autre partie a subi une thrombectomie. Pour 48,6 % de ces dernières personnes, les jours suivants l’AVC se sont caractérisés par une réduction du handicap. Elles ont pu retrouver leur autonomie dans leur vie quotidienne 90 jours après le traitement. Un chiffre qui atteignait seulement 13,1% pour les patients traités par le traitement conventionnel, sans thrombectomie.
"Lorsque la partie du cerveau endommagée par l’AVC est petite, on se rend compte que la thrombectomie peut faire la différence, même après la fenêtre des six heures. Cependant, cela ne diminue pas l’urgence de transporter les patients au plus vite à l’hôpital en cas d’AVC", écrit Tudor Jovin, co-auteur de l’étude. En effet chaque seconde compte pour sauver une personne victime d’AVC et surtout, pour sauver le plus possible de cellules nerveuses dans son cerveau.