Le porno de plus en plus tôt
L'enquête Ifop sur les 1005 sondés montre qu'un jeune sur trois reconnaît avoir déjà visionné de la pornographie entre ses 13 et 15 ans. Un sur 7 en a déjà vu avant ses 12 ans. La fréquentation des sites pornographiques par les jeunes est en forte augmentation : 51% des garçons et 37% des filles interrogés en ont regardé en 2017, contre 37% et 18% en 2013.
En deux clics, sur leur téléphone portable ou sur leur ordinateur, les adolescents ont accès aux films pornographiques. L'essentiel de cette consommation s'effectue via des sites gratuits (96%, contre 78% chez l'ensemble des Français). À peine 4% des adolescents ont déjà surfé sur un site payant, contre 22% chez l'ensemble des Français, que ce soit sous forme d'abonnement ou de paiement à l'unité.
Alors que le premier visionnage d'un film X constitue pour la plupart des jeunes hommes une expérience solitaire généralement associée à la masturbation, la majorité des adolescentes déclare avoir vu leur premier porno avec quelqu'un d'autre, ami(e)s ou petit(e) ami(e).
Un âge sensible dans la construction de la sexualité
Cette visualisation à un âge de plus en plus précoce n'est pourtant pas anodine. L'adolescence est un moment important pour la maturation du cerveau. L'âge auquel un garçon regarde de la pornographie pour la première fois peut avoir une influence sur son comportement avec les femmes et plus généralement dans sa sexualité. Plus il la visionne tôt, plus il est susceptible d'avoir une attitude sexiste, avec une volonté d'exercer du pouvoir sur l'autre sexe. Tandis que celui qui l'a regardé plus tardivement à tendance à vivre une sexualité plus libérée.
De plus, même si les jeunes arrivent en général à différencier la pornographie de la réalité, elle peut être source de complexes, surtout chez les hommes, notamment par rapport à la taille du sexe ou à la performance.
Attention à la porno-dépendance
Tout comme les adultes, près d'un ado sur deux a tenté de reproduire des scènes vues dans des films pornographiques. Toutefois, les jeunes reproduisent plus régulièrement ces pratiques : 20% s'y sont adonnés "plusieurs fois", soit deux fois plus que dans la population adulte (11%).
Même si aucun lien n’est établi entre l’âge de visualisation des films pornographiques et la porno-addiction, l’escalade des images de plus en plus « hard », l’envahissement des pensées et les conséquences négatives (ne plus aller à l’école, voir ses amis, dégringolade des résultats scolaires…) doivent alerter. Une consultation auprès d’un pédopsychiatre, d’un sexologue ou d’un psychologue s’impose pour aider l’adolescent à construire sa sexualité et faire la différence entre le virtuel et le réel.