On compte 6,4 millions de personnes obèses en France, soit 14,5% de la population adulte. L'obésité correspond à un excès de masse grasse qui nuit à la santé. L'accumulation de graisse dans certaines parties du corps sécrète des protéines pro-inflammatoires qui exposent au risque de lésions de certains organes comme le foie, à des complications cardiovasculaires et à la survenue d'un diabète.
La perte de poids est donc devenue la convoitise de nombreuses personnes; une aubaine pour le docteur Olivier M., 54 ans, gastro-entérologue nîmois très en vue qui a fait de l’obésité sa poule aux œufs d’or. Interpellé et mis en examen le 6 février pour "blessure involontaire, mis en danger de la vie d’autrui et escroquerie", le médecin est suspecté d’avoir appliqué un protocole non reconnu en France et potentiellement dangereux à au moins 515 patients souffrant d’obésité. Le tout en maquillant les archives de la clinique et en se faisant indemniser par la sécurité sociale à hauteur de plus de 447 000 €, sur la base de fausses déclarations.
Un protocole interdit en France
Les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés entre 2011 et 2015. Ce médecin qui exerçait dans une clinique de Nîmes aurait injecté dans l'estomac de ses patients de l’acide hyaluronique, un produit très utilisé en chirurgie esthétique mais inapproprié pour engendrer une quelconque perte de poids. "Ce n’est pas autorisé en France, explique à 20 Minutes Emmanuel Dumas, chef de la sûreté départementale du Gard. Des expérimentations ont été menées de 2010 à 2012, mais la pratique a été arrêtée, car jugée inefficace, avec des risques de complications, des ulcères notamment."
Plusieurs cas rapportés
Le produit censé diminuer la sensation de faim a failli couter la vie à un patient en 2014. "Cet homme souffrait de complications après avoir subi une injection d’acide hyaluronique dans l’estomac pour combattre son obésité, en réduisant la sensation de faim, au bloc opératoire de la clinique Grand Sud", explique au Parisien une source proche de l’affaire. Après ce premier épisode, l’agence régionale de santé (ARS) commence à s’intéresser aux méthodes du médecin. Plusieurs cas similaires sont rapportés par d’autres hôpitaux. "Nous avons recensé une dizaine de personnes qui ont souffert de complications après avoir subi ces injections dans cette clinique, précise cette même source".
Une fraude à la sécurité sociale
Mais en plus d’avoir mis la vie de ses patients en danger pour engranger des bénéfices, le docteur Olivier M. a également escroqué la sécurité sociale : "Afin d’obtenir le remboursement de ses patients par la CPAM, Olivier M., facturait ses actes illégaux au titre d’actes d’endoscopie tout en pratiquant des dépassements d’honoraires", explique-t-on au quotidien. Pour que son escroquerie fonctionne, le gastro-entérologue maquillait les archives de l’établissement en effaçant lui-même toutes traces de ses commandes de produits illégaux dans les fichiers informatiques. Le médecin a reconnu les faits qui lui étaient reprochés en garde à vue, justifiant ses actes par un besoin de gagner de l’argent "alors qu’il traversait une période difficile personnellement et professionnellement".