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QUESTION D'ACTU

Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin

MICI, Maladie de Crohn, RCH… maladies méconnues sauf par 100.000 Français qui en souffrent

Les MICI, maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, sont vécues comme des maladies honteuses ou taboues dont personne ne parle et qui, pourtant, gâchent la vie de plus de 100 000 Français. Heureusement, on commence à savoir les traiter depuis qu’on en a compris l’origine.  

MICI, Maladie de Crohn, RCH… maladies méconnues sauf par 100.000 Français qui en souffrent SIphotography/Epictura




Les MICI sont un ensemble de maladies qui se ressemblent, dont les plus connues sont la maladie de Crohn et la RCH, la Rectocolite Hémorragique. On les appelle les MICI, pour tenter de les sortir de l’anonymat. Méconnues du grand public, sous-estimées en France, peu évoquées dans les médias, ces MICI demeurent un sujet d’exception à la limite du tabou.

Comme des aphtes dans l’intestin...

Nous avons tous eu un jour à souffrir d’un aphte ou d’une petite lésion à l’intérieur de la bouche. Et bien imaginez la même chose, en plus grand et plus nombreux, à l’intérieur de l’intestin, et vous aurez une idée de ce qu’il se passe dans les MICI. Avec, en fait, un diagnostic difficile à faire, car ces érosions inflammatoires qui peuvent toucher notre tube digestif du début jusqu’à la fin, c’est-à-dire de la bouche à l’anus, suivant leur localisation, donnent des manifestations disparates et différentes qui égarent le médecin.

Un diagnostic difficile

Douleurs au ventre, fatigue, fièvre, diarrhées, présence de sang dans les selles, parfois perte de poids. Ce n’est qu’en allant regarder avec un tuyau muni d’une caméra que l’on pourra être certain du diagnostic. Ces maladies évoluent par poussées imprévisibles, entrecoupées de périodes de rémission. En poussée, les répercussions sur la vie quotidienne sont profondes et inévitables. Bien que non contagieux et invisibles aux autres, les symptômes sont présents à chaque instant de la vie familiale, professionnelle et sociale. Avec surtout en permanence, la peur de se retrouver sous le bistouri, car l’inflammation de la paroi de l’intestin, si elle ne cesse pas, finit par creuser un trou qui peut dégénérer en perforation ou hémorragie. C’est alors une urgence.

Pendant des années, les médecins ont eu le réflexe « inflammation/anti-inflammatoires ». Et le traitement n’a été longtemps que l’utilisation des anti-inflammatoires les plus puissants, les corticoïdes, que l’on utilise avec tous les risques d’effets secondaires que suppose le recours à ces traitements.

Une maladie auto immune

La révélation que les MICI étaient des maladies auto-immunes et l’arrivée de traitements contre ces maladies ont changé la face des choses.

Qu’y a-t-il de commun entre les MICI, de violents rhumatismes, certaines myopathies et la sclérose en plaques ? Un ensemble de maladies très différentes dans leurs symptômes, mais qui ont en commun le même mécanisme : leur système de défense, que l’on appelle le système immunitaire, a perdu la raison. Les maladies auto-immunes, ce sont les soldats qui retournent leurs armes contre leur propre camp, mais aussi l’explication la plus moderne de dizaines de maladies parfois très anciennes.

Le soldat de l’immunité s’appelle l’anticorps. Il est fabriqué par les globules blancs de notre sang. Lorsqu’un corps étranger pénètre dans notre organisme, la réponse est parfaitement codifiée. Nous secrétons des hordes d’anticorps capables de cerner et de digérer l’intrus. Un système de lutte antiterroriste tellement au point qu’il existe un type d’anticorps pour chaque type d’agresseur. Pourtant, un jour, pour des raisons que l’on a encore du mal à comprendre, certains anticorps deviennent fous et se mettent à détruire l’organisme qui les a fabriqués ; non pas au hasard, mais en s’attaquant à des parties bien précises. D’où des dégâts impressionnants en quelques heures, quelques jours ou quelques mois. D’où la disparité des maladies que ce mécanisme provoque.

Comment une cellule de notre corps peut-elle devenir folle ?

La première piste a été de pointer notre monde d’opulence, ces maladies étant beaucoup plus rares dans les pays pauvres. Des facteurs génétiques sont aussi en jeu, puisque de nombreuses maladies auto-immunes sont associées à un groupe tissulaire particulier. Les groupes tissulaires sont aux tissus de l'organisme ce que sont les groupes sanguins aux globules rouges. Enfin, les événements de vie éprouvants, le stress quotidien plus que les traumatismes majeurs, paraissent influencer les variations des symptômes. Immunité, psychisme ; le champ d’investigation est vaste… Les troubles psychiatriques, en particulier la dépression, sont fréquents lors de ces maladies. On pourrait penser que souffrir d’une maladie grave rend dépressif. Conséquence et non plus cause… Sauf qu’à l’inverse, une augmentation de l’immunité naturelle a été prouvée au cours des syndromes dépressifs. Il existerait un profil commun de vulnérabilité aux maladies auto-immunes, proche d'un profil incriminé dans la survenue de certains cancers…

Face à toutes ces hypothèses plus ou moins vérifiées, la médecine peine à définir une attitude pratique. Pendant longtemps, « booster » le système immunitaire était le terrain de jeu favori des médecines « naturelles » qui avaient identifié le désarroi des médecins et l’énorme marché que ces maladies supposent. Il faut être franc ! Personne ne sait aujourd’hui où est la frontière entre le charlatanisme et le bienfait des traitements homéopathiques de terrain, des cures d’oligo-éléments ou des nutriments dans ce domaine.

La médecine traditionnelle a refait surface avec les « biothérapies », médicaments issus de la génétique.

Les biothérapies ont changé la vie des malades

En 1997, à leur arrivée en rhumatologie, la médecine n’avait pas connu une telle révolution depuis l’arrivée des anti-inflammatoires, dans les années cinquante.

Des résultats exceptionnels, d’abord dans la polyarthrite rhumatoïde, démontrant de façon incontestable que la maladie n’évoluait plus, voire régressait. Puis l’utilisation s’est vue élargie à d’autres affections inflammatoires délicates à traiter, comme la spondylarthrite ankylosante, et le terrible rhumatisme du psoriasis ; aujourd’hui, la maladie de Crohn et les autres MICI. Seul bémol, le coût de ces nouveaux traitements, même si la concurrence entre les laboratoires pharmaceutiques les fait baisser. Théoriquement, des traitements au très long cours… Mais l’utilisation plus précoce peut réduire significativement la durée de prescription.

Vous ne connaissiez pas ces MICI. Pourtant, 100 000 Français, l’équivalent d’une ville comme Angoulême, en font aujourd’hui leur préoccupation quotidienne.

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