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Respect pour moins d'Alzheimer

Notre société doit valoriser ses seniors pour leur éviter la maladie d’Alzheimer

Par Camille Sabourin

La revue Plos one publie une étude qui montre qu’il y a moins de risque de démence, donc de maladie d’Alzheimer, dans les sociétés qui valorisent leurs anciens. Rien d’étonnant, parce qu’en regardant de près les résultats, ces sociétés sont celles du respect de l’ancien, et surtout de sa protection vis-à-vis du stress, du sommeil, de l’activité, ce que l’on a parfaitement démontré, sans en tirer réellement de conclusions pratiques, dans notre société moderne, grande génératrice de démences…  

kikovic/Epictura

A moins d’aller vivre dans une partie traditionnelle du Japon où l’on a le culte de la vieillesse, il faut examiner les données dont on dispose sur les conditions d’apparition de la maladie et travailler à leur amélioration.

L’anxiété, une manifestation précoce de la maladie d’Alzheimer, est une piste sérieuse

Une étude, parue dans The American Journal of Psychiatry, apporte un argument fort à ceux qui, depuis des années, demandent que l’on établisse le lien réel entre la maladie d’Alzheimer et la dépression. Ce travail, qui portait sur un des symptômes précurseurs de la dépression, l’anxiété, semble leur donner raison.

Parmi les causes non encore établies avec certitude de la maladie d’Alzheimer, mais fortement suspectées, il y a la sécrétion par le cerveau d’une substance, que l’on appelle une protéine béta-amyloïde. En vulgarisant à l’extrême, une sorte de « colle », qui bloque la circulation de l’information récente dans le cerveau.

L’étude a montré que le taux de béta-amyloïde était en relation avec l’augmentation des symptômes anxieux dépressifs au cours du temps chez ces sujets âgés, indemnes de ces symptômes au départ.

Ce travail suggère une association directe ou indirecte de niveaux élevés de bêta-amyloïde avec l'aggravation des symptômes anxieux-dépressifs et soutient l'hypothèse qu’ils représentent une manifestation précoce de la maladie d'Alzheimer.

C’est une nouvelle extrêmement importante, car on sait désormais que, les traitements n’ayant pratiquement aucun effet une fois la maladie installée, les enjeux de ce grave problème de santé publique des années à venir se jouent en amont, avant même les premiers symptômes. Pour prévenir et traiter très tôt.

Le problème est que dans la forme banale de l’anxiété, personne n’ose parler de symptôme. Ce serait même la rançon de la vie moderne. Or, “avoir les boules”, “se faire prendre aux tripes” ou encore “avoir l’estomac noué”, cela peut très bien se transformer en maladie. Tout le débat est de savoir si c’est normal ou pas. La normalité est une notion qui revient souvent quand il s’agit de consulter pour un problème d’ordre psychique, alors qu’il est aisé de démontrer que la normalité est une notion bien futile.

Bien dormir contre l’Alzheimer

Le cerveau élimine ses toxines durant la nuit ; en particulier celles qui seraient responsables de la maladie d’Alzheimer ; un sommeil perturbé peut nuire à ce nettoyage. Découverte récente, le lien entre cette protéine bêta-amyloïde, un mauvais sommeil et la maladie d'Alzheimer. On connaît l’expression, exacte, de sommeil réparateur. Pendant la nuit, le cerveau se « nettoie », et le faire de façon imparfaite pourrait être une des causes de cette maladie. Des chercheurs de Rochester, aux Etats-Unis, ont étudié dans le liquide céphalo-rachidien, qui baigne le cerveau et que l’on peut récupérer facilement par une ponction lombaire, les « déchets » de ce nettoyage. On y trouve, entre autres, cette protéine en quantité. Chez des personnes âgées, un sommeil plus court ou un sommeil de mauvaise qualité sont tous les deux associés à un mauvais nettoyage et à un plus grand dépôt de cette protéine. Mais cause ou conséquence de la maladie, les scientifiques sont aujourd’hui dans l’incapacité de trancher. Impossible d’affirmer qu’un sommeil réparateur retarderait l’apparition de la maladie. Toutefois, bien dormir est un facteur de bonne santé.

On pourrait rajouter que faire travailler son cerveau le plus tard possible, être altruiste, voyager, sont autant de facteurs qui ralentissent la survenue de la maladie…

Tous ces arguments militent pour une intégration douce et utile des séniors dans la vie active de tous les jours. Un chemin que, malgré tous ces arguments concordants, notre civilisation pressée ne semble pas emprunter.