Un adulte a été admis pour une rougeole aux urgences du CHU de Limoges, lundi. Ce cas succède à plusieurs cas de rougeole diagnostiqués par l’Agence régionale de santé (ARS), en Aveyron. Eux-mêmes suivant les cas à Poitiers et surtout plus de 100 malades à Bordeaux et en région Nouvelle-Aquitaine. L'épidémie de rougeole s'étend. En cause, la grande contagiosité du virus et la couverture vaccinale insuffisante en France, à la différence de celle des pays du nord de l'Europe où la maladie a disparu.
Une couverture vaccinale insuffisante
Aucun des malades du foyer de Rodez "n’était vacciné", précise l'ARS, qui rappelle que "seule la vaccination constitue une protection efficace, il n’existe pas de traitement contre la rougeole". Selon le quotidien, la couverture vaccinale Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR) est particulièrement basse en Aveyron (66,2 %) chez les enfants de 2 ans comparativement aux objectifs de 95 % fixés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine avait recensé 16 cas de rougeole en décembre sur le campus universitaire de Bordeaux et 38 nouveaux cas sur l’ensemble de l’agglomération bordelaise. Au total, plus d'une centaine de cas y avaient été recensés depuis novembre 2017, dont un quart d'hospitalisations.
Les microbes frappent les groupes
La rougeole est une maladie infectieuse due à un virus très contagieux qui touchait auparavant surtout les petits enfants à partir de 5-6 mois. Ce n’est plus le cas : un tiers des cas déclarés concerne des personnes de plus de 15 ans. Or, les cas de rougeole chez l'adulte sont potentiellement plus dangereux.
La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse, liée à un "paramyxovirus". Elle se transmet principalement par voie aérienne ; par exemple lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie dans l’air des micro-gouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasales et les expectorations.
Pour se disséminer, le virus aime donc la promiscuité, les réunions. Quoi de plus favorable qu’un campus d’étudiants ? C’est du campus universitaire qu’est partie l’épidémie bordelaise. La phase de contagiosité démarre la veille de l’apparition des premiers symptômes et s’étend jusqu’à 5 jours après le début de l’apparition des boutons. Ainsi, une personne contaminée, selon les spécialistes, en contamine 15 à 20 autres.
Comment se déroule une rougeole normale ?
C'est un feuilleton qui dure au moins 4 semaines. Imaginons qu’un virus rentre dans le corps, en respirant des gouttelettes contaminées. Il y a d’abord la phase d’incubation, de multiplication du virus, qui dure en moyenne 12 jours. Sans aucun symptôme.
Puis l’invasion commence. Elle dure 4 jours. Mais la situation change pour le malade. Il a d’abord une forte fièvre, qui est la réponse de l’organisme au virus. Son nez coule, il tousse ; il est mal en point et surtout, déjà très contagieux. Survient ensuite ce que tout le monde connaît et qui a donné son nom à la maladie : l’apparition progressive de plaques rouges : au visage, puis derrière le cou, et enfin tout le corps, en 4 jours. A partir du 4e jour, la peau se met à peler.
La convalescence dure une dizaine de jours, pendant lesquels le malade reste fatigué. De plus en plus de spécialistes affirment que l’enfant restera plus sensible aux autres infections pendant deux ans. Ce schéma est celui d'une rougeole "normale". Malheureusement, parfois, le virus produit de plus gros dégâts.
La rougeole peut-elle être grave?
Elle reste une maladie mortelle dans tous les pays où les enfants souffrent de malnutrition. L’épidémie qui touche en ce moment la Papouasie est là pour nous le rappeler.
Les complications de la rougeole peuvent être de quatre ordres : respiratoires, neurologiques, digestives et oculaires. On estime que ces complications sont responsables de séquelles importantes (cécité) et d’un décès pour 10 000 cas de rougeole.
Comment les malades se contaminent-ils ?
Un malade en contamine 15 à 20 autres. C’est le propre des maladies infectieuses de se propager par contact entre un malade et son entourage, qui peut disséminer le virus sans souffrir de symptômes. Le virus de la rougeole se transmet par les gouttelettes de salive en suspension. L’éternuement est un grand classique de cette contamination.
C’est pourquoi on pratique l’éviction et la protection. Lavage des mains, masque s’il le faut. La période de propagation du virus commence 2 à 6 jours avant l'apparition de l'éruption sur la peau, ce qui est embêtant si le médecin n'est pas familiarisé avec les premiers signes de la rougeole (fièvre, toux, yeux rouges et douleurs du ventre). Le risque de transmission est minime à partir du deuxième jour suivant l'apparition de l'éruption.
Quel est le traitement de la rougeole?
Il n’existe pas de traitement spécifique. Traiter la rougeole, c’est uniquement lutter contre les symptômes, la fièvre, la toux, les démangeaisons, et les complications (pneumonie, encéphalite). Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre le virus.
Quelle est l'importance de la vaccination ?
Il faut être clair : l'homme lutte contre les virus depuis la nuit des temps, et à part l'éviction, il ne connaissait pas de solutions efficaces jusqu'à la découverte de la vaccination. Elle est notre seul rempart.
Quelle est notre couverture vaccinale ?
Elle est très insuffisante... en France ! Il faut rappeler les chiffres. C'est aussi un casse-tête pour la santé publique et l'Assurance Maladie : la couverture vaccinale en France (le nombre de personnes vaccinées) se situe entre 70 et 80 % selon les régions. Or, la rougeole étant extrêmement contagieuse, cette couverture vaccinale doit être au-dessus de 95 % si l'on veut espérer en finir avec la maladie, comme c'est le projet européen pour lequel la France s'est engagée. C'est ce qui est déjà le cas aux Pays-Bas par exemple, où la vaccination systématique a permis l'éradication de la maladie. Nous en sommes donc assez loin, et la vigilance ne doit pas rompre devant le flot de fausses études déversées dans des blogs inconscients.
C’est une vaccination obligatoire ?
Devant le manque de civisme d'une partie des Français, nos autorités n'ont eu d'autre solution que de la rendre obligatoire depuis le 1er janvier avec 10 autres vaccins. Cela devrait nous permettre de faire disparaître certaines maladies, dont la rougeole. À condition que des médecins complaisants ne fassent pas état de fausses contre-indications. Le conseil de l’Ordre et l’Assurance Maladie doivent faire preuve de fermeté devant tous les cas avérés.
Pourtant, le "ROR" (Rougeole-Oreillons-Rubéole) est un vaccin parfaitement bien toléré et qui ne contient pas d'aluminium. La vaccination contre la rougeole est obligatoire avant l’âge de 2 ans pour les enfants nés depuis le 1er janvier. Une deuxième dose de ce vaccin est recommandée en France entre 13 mois et 24 mois (ou entre 12 et 15 mois en cas de vie en collectivité).
Pourquoi fait-on 2 doses ?
Il ne s’agit pas d’un rappel, mais d’un rattrapage pour les enfants qui ne sont pas sensibles à la première dose. Une vaccination à une seule dose entraîne une immunité chez 90 à 95 % des personnes, tandis que deux doses permettent d'obtenir une immunité chez plus de 98 %.
Au niveau mondial, quelle est l'importance de la rougeole ?
Elle est encore une cause de décès importante chez les enfants en mauvais état sanitaire, mais l'OMS fait un travail colossal. Entre 2000 et 2005, plus de 300 millions d'enfants âgés de neuf mois à quinze ans ont été vaccinés ou revaccinés. En 2015, près de 77 % de la population mondiale était vaccinée, entraînant encore une réduction de la mortalité : moins de 345 000 décès cette année-là sur 20 millions de malades.