Le virus de la rougeole peut-il servir de traitement contre le cancer ? Une équipe de 17 chercheurs travaille sur cette hypothèse dans le laboratoire de l’Inserm de Nantes. Leur idée : injecter à fortes doses le vaccin contre la rougeole dans les cellules cancéreuses pour provoquer une réponse immunitaire de l’organisme et induire leur mort, tout en laissant les cellules saines environnantes indemnes.
Pour le moment, les scientifiques concentrent leur recherche sur le cancer de la plèvre, une fine membrane située entre les poumons et la paroi thoracique, mais à l’avenir, cette méthode pourrait s’appliquer à tous types de cancer. "On ne peut cependant agir que lorsque le cancer se déclare, lorsque la tumeur est palpable, lorsque l’on peut y accéder, car la stratégie c’est d’injecter le vaccin au sein de la tumeur pour tuer les cellules cancéreuses", précise à France 3 Régions, le docteur Marc Grégoire, Directeur de recherche à l’Iserm et Président de la Ligue contre le cancer en Loire-Atlantique.
Une technique thérapeutique connue depuis le XXe siècle
Lors d’une conférence donnée en décembre dernier à Brest sur le sujet et relayée par le Télégramme, le médecin expliquait que les effets d’un virus comme celui de la rougeole sur certains types de cancer était connus depuis longtemps, mais tombés dans l’oubli. "Un malade souffrant d'un lymphome au visage a vu son cancer guéri après avoir contracté une rougeole. Cette observation a été faite au début du XXe siècle".
Cette découvert suggère donc que le système immunitaire humain est capable de lutter contre les cellules cancéreuses avant que le cancer ne se développe. "Notre équipe à Nantes s'intéressait à tout ce qui pouvait empêcher les cellules immunitaires de l'organisme de s'attaquer aux cellules cancéreuses. Ces dernières sont capables de se cacher de nos défenses. Nous avons mis en évidence que le vaccin de la rougeole allait dans la cellule cancéreuse et pas dans la saine et arrivait à la détruire".
Quelle dose de vaccin est nécessaire ?
Associée à l’immunothérapie, un traitement qui consiste à administrer des substances qui vont stimuler les défenses immunitaires de l'organisme, cette technique pourrait apporter de solides résultats. Actuellement, les vaccins contre la polio, l'herpès, la rougeole et la variole servent à traiter les cancers du poumon, du cerveau, de l'ovaire et le mélanome. Sont injectées "des doses importantes de vaccins qui vont de 50.000 à 100.000 ampoules, quand il suffit d'une pour vacciner", précisait néanmoins le chercheur. "Malgré ces doses de cheval, aucun patient n'est décédé sur les quelque 250 personnes qui ont bénéficié d'un tel traitement. Il n'y a ni toxicité, ni réel effets secondaires chez les patients".
Le cancer en quelques chiffres
En 2017 en France, environ 400 000 nouveaux cas de cancers et 150 000 décès ont été recensés. En moyenne, 54 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année et environ 12 000 décès sont comptabilisés. Guérir d’un cancer du sein dépend de plusieurs facteurs, dont l’âge, la taille et le type de la tumeur ainsi que le stade de la maladie. Généralement, un diagnostic précoce de la tumeur a plus de chance d’être traité avec succès : la survie à 5 ans est de 99 % pour un cancer du sein détecté à un stade précoce, elle est de 26 % pour un cancer métastasé.