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Justice

Nicotine et goudron en excès dans les cigarettes : des poursuites pénales déjà "initiées" à l'étranger

Par Anaïs Col

Une plainte a été déposée contre Philip Morris, British American Tobacco, Imperial Brand et Japan Tobacco, accusés d'avoir falsifié les taux réels de goudron, nicotine et monoxyde de carbone se trouvant dans leurs cigarettes. Des poursuites pénales ont déjà été initiées pour ce même motif en Suisse et aux Pays-Bas.

BrianAJackson/Epictura

Le Comité national contre le tabagisme (CNTC) a déposé plainte devant le procureur de la République contre les cigarettiers Philip Morris, British American Tobacco, Imperial Brand et Japan Tobacco pour "mise en danger délibérée de la personne d’autrui", a révélé Le Monde. Selon le CNTC, la teneur réelle en goudron serait "entre deux et dix fois supérieure à celle indiquée (sur les paquets ndl) et de cinq fois supérieure pour la nicotine". Pour résumer, les taux de ces substances affichés seraient largement inférieurs à la réalité. 

Après le "Dieselgate", place au "Filtergate"

Une disparité due à des micro-orifices disposés sur les filtres des cigarettes. Ils permettent une dilution de la fumée lorsque les taux de goudron, nicotine et monoxyde de carbone sont mesurés avec une machine à fumer réglementaire. Lorsque la cigarette est consommée en revanche, les lèvres et les doigts du fumeur bloquent les micro-perforations, ce qui lui vaut d'inhaler des taux de nicotine et de goudrons supérieurs.

La Suisse et les Pays-Bas visés par des poursuites pénales

Le CNCT a précisé dans un communiqué que des poursuites pénales "également initiées dans d'autres pays (Pays-Bas, Suisse) avec le soutien d'associations de malades". "L'objectif, c'est qu'avec ce procès, on démontre encore une fois que l'industrie du tabac trompe et est inqualifiable en termes de comportements", explique à France Info le professeur Yves Martinet, président du CNCT.

Un procédé connu dans l'industrie du tabac

Chaque marque utilise sa propre technique mais aujourd'hui "97% des cigarette comportent des perforations invisibles du filtre" qui ne sont pas là pour agir sur le goût, mais sur les tests, d'après le CNCT. Ce procédé existe depuis les années 50, quand les Etats-Unis ont durci la réglementation sur les cigarettes. En Suisse en 1982, Philip Morris et RJ Reynolds ont trainé leur concurrent British American Tobacco devant la justice pour avoir mis en vente une cigarette dite allégée en nicotine et en goudron.

Ils expliquent au juge le 6 mai 1983 que l'on ne peut se fier aux résultats des tests : "Si les indications figurant sur les emballages de la cigarette Barclay sont exactes lorsque la cigarette est testée au moyen d'une machine standardisée, ces résultats sont totalement différents lorsque la cigarette Barclay est fumée par une bouche humaine." Ils évoquent également selon France Info, "quatre canaux périphériques dont est muni le filtre".

La cigarette en quelques chiffres

Chaque jour dans le monde, 11 millions de cigarettes sont vendues, générant ainsi 39 milliards de bénéfices, soit l'équivalent du PIB du Luxembourg. En 2015 en France, 34% des hommes et 28% des femmes fumaient. Si les Russes sont les plus gros consommateurs, les Français ne sont pas en reste : l’Hexagone compte plus de 13 millions de fumeurs qui consomment chaque année 55 000 tonnes de tabac. Selon l’OFDT, 55 000 000 000 de cigarettes ont été vendues en France en 2014.