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Etude épidémiologique

Produits ménagers : aussi mauvais pour le souffle que 20 cigarettes par jour ?

Par Yvan Pandelé

Chez les femmes, l'emploi de produits ménagers à long terme est lié à une diminution des capacités respiratoire comparable à celle d’un fumeur régulier.

Extrait de "American Bluff", de David O. Russel (tous droits réservés)

Verra-t-on un jour des messages d’avertissement « nettoyer nuit gravement à la santé » ou « le ménage essouffle » sur les bouteilles de détergents ? Pas impossible, si l’on en croit une étude internationale récemment parue dans la revue de la société américaine de pneumologie. Elle montre en effet que les femmes s’adonnant régulièrement aux joies du récurage connaissent une diminution importante de leurs capacités respiratoires à long terme.

Pour établir ce résultat un rien urticant, les chercheurs ont suivi une cohorte de plus de 6000 personnes, issus d’Europe de l’Ouest et de Scandinavie pour la plupart. Au cours des vingt ans de suivi de la cohorte, les sujets ont passé à trois reprises des tests permettant d’évaluer leurs capacités pulmonaires. Or, au moment d’expirer dans le spiromètre, il s’est avéré que les femmes coutumières du ménage avaient le souffle plus court au fil des enquêtes.

Le souffle d’un fumeur

Deux catégories sortent du lot : les femmes exerçant comme agent de nettoyage, et celles déclarant avoir l'habitude d’effectuer les tâches de nettoyage à leur domicile – soit l’immense majorité des femmes de l’étude (93 %). Pour fixer les idées, les auteurs ont évalué la diminution des capacités respiratoires à celle d’un fumeur régulier, ayant fumé un peu moins d’un paquet par jour pendant vingt ans. Une comparaison à la louche, mais qui montre que l’effet n’est pas négligeable. *

Les produits de nettoyage figurent au banc des accusés. « L’effet à court terme des produits de nettoyage sur l’asthme est de mieux en mieux documenté », explique Cecile Svanes, épidémiologiste à l’université de Bergen (Norvège) et auteur sénior de l’étude. « Nous redoutions que les produits chimiques accélèrent le déclin des capacités respiratoires au cours de la vie, en causant peu à peu des dégâts sur les voies aériennes. »

De l’eau et des microfibres

Pourquoi les femmes sont-elles seules concernées ? On ne sait pas. Il est possible que les femmes soient plus sensibles à l’action des produits d’entretien. Surtout, les hommes déclarant s'occuper du ménage chez eux étaient deux fois moins nombreux que les femmes. L’absence d’effet chez les hommes pourrait donc très bien résulter d’un simple manque de puissance statistique, lié à un nombre insuffisant de sujets.

En tous les cas, l’entretien d’une maison ne nécessite pas l’arsenal impressionnant dont on a coutume de se doter. Les sprays assainissant, désodorisants et autres anti-acariens sont riches en composés organiques volatils, comme le rappelait il y a peu le magazine 60 Millions de consommateurs. Pour limiter la pollution intérieure, mieux vaut faire simple. « De l’eau et des chiffons en microfibre suffisent amplement à la plupart des usages », conseille Cecile Svanes, visiblement partisane du ménage écologique.

 

* Bien évidemment, les dangers de la cigarette, en termes de risques cancérigènes et cardiovasculaires mais aussi d’infections respiratoires et de troubles obstructifs, sont sans commune mesure avec ceux liés à l’utilisation de produits ménagers. La comparaison des auteurs porte seulement sur la réduction du souffle.