Trois foyers de grippe aviaire faiblement pathogènes avaient été détectés début février au sein de trois élevages de canards situés à Arzal, Pluméliau et Sérent, dans le Morbihan. Le préfet avait alors ordonné le conditionnement des 25 000 volailles concernées et la restriction de leurs mouvements dans un rayon de 1 km. Ce mardi, près de 9500 canards ont été abattus. Ceci faisant suite aux quelque 10 000 volailles déjà tuées au début du mois : 7400 dans la commune de Sauviac et 2000 dans celle de Viella.
"Conformément à la réglementation européenne, deux zones réglementées sont définies à Viella et Sauviac dans un rayon de 1 km", selon un communiqué de la préfecture du Gers. "Les entrées et les sorties de volailles sont interdites. Tous les élevages de volailles y font l’objet de visites vétérinaires avec, dans les élevages de palmipèdes, dépistage systématique du virus influenza aviaire". Ces dispositifs seront levés "21 jours après la fin des opérations de nettoyage et de désinfection". Et d'ajouter : cette "souche faiblement pathogène d’influenza aviaire n’a pas de caractère exceptionnel ou alarmant […]. Elle n’a notamment aucun lien direct avec les souches hautement pathogènes H5N1 et H5N8 qui ont justifié en 2016 et 2017 des abattages massifs de volailles dans le Sud-Ouest de la France".
Pourquoi abattre des canards par précaution ?
Dans le Gers, les autorités insistent sur le fait que ce virus de la grippe aviaire est faiblement pathogène, ce qui signifie que l'abattage, le confinement et la désinfection des élevages vont atteindre leur but : tuer cette épidémie dans l'oeuf. Alors pourquoi ces scènes de désespoir qui touchent des éleveurs déjà en situation précaire ? Tout simplement parce que subsiste dans les esprits des épidémiologistes, dont le rôle consiste à scruter le passé pour prévoir l'avenir, le triste souvenir de la grippe Espagnole de 1919, qui a fait 20 millions de morts officiellement (plus de 40 millions officieusement). Une pandémie inimaginable, que redoute de nouveau l'Organisation mondiale de la santé (OMS), comme nous vous l'expliquions récemment dans cet article.
On pourrait penser que nous avons les armes médicales pour agir. C'est vrai, mais pas à cette échelle et surtout s'il s'agit du virus effroyable que l'on attend, en espérant qu'il ne verra jamais le jour, d'où ces mesures drastiques contre nos pauvres canards. Ces élevages sont des bases secrètes de ce que la nature prépare de pire : "LE" virus du siècle. Car ce n’est pas la grippe aviaire qui terrorise aujourd’hui les spécialistes des maladies infectieuses, mais plutôt l’imminence d’un mariage diabolique. Celui d’Hercule et de Mercure.
L'imminence d'un mariage diabolique
La force mariée au voyage. Le Dieu de la force, c’est le virus de la grippe aviaire : une machine à tuer que la nature confine à l’organisme de quelques volatiles résistants, mais qui parfois, pour des raisons que l’on connaît mal – promiscuité, manipulations inhabituelles – effectue un passage remarqué chez l’homme. Avec des conséquences effroyables : mortalité proche de 100 % et contagiosité maximum. Heureusement, c’est un tueur fragile et casanier. Comme ses frères EBOLA ou MARBURG qui, régulièrement, déciment un village pour se rendormir tout aussi brutalement qu’ils étaient arrivés.
Le Dieu du voyage, chez les virus, vous le connaissez bien : c’est celui de la grippe. Volage, il aime l’union libre. C’est pour cela qu’il n’est jamais identique d’une année sur l’autre et que chaque automne, on doit se refaire vacciner. C’est surtout un routard inépuisable dont le tour du monde annuel se traduit par des dizaines de millions de contaminations humaines toujours désagréables, parfois graves et mortelles.
Le porc, témoin de cette union dévastatrice
Le microbe aime les étreintes parfaites. Le résultat est un nouveau virus qui prend les qualités des deux parents. Alors si un jour, la grippe aviaire rencontre la grippe traditionnelle, s’unit puis passe chez l’homme, c’est un tueur voyageur, une arme de destruction massive qui s’apprêtera à déferler sur la planète.
Science-fiction ? Hélas non. Ces noces sont, paraît-il, en train de se produire avec comme témoin de mariage… un cochon ! C’est en effet en passant par l’intermédiaire du porc, un organisme proche de celui de l’homme, que le virus apprend à nous coloniser et nous détruire. Son apprentissage terminé, il ne lui reste plus qu’à entreprendre son tour du monde mortel.
Un scénario que craint l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis des années. Les prévisions, s’il se réalise, sont en cas d’épidémie, de plusieurs centaines de milliers de morts rien que pour notre pays. C’est, rappelons-le, l’OMS qui le dit. Des scientifiques qui ont plutôt la réputation de manier la langue de bois. Leur franchise fait aujourd’hui froid dans le dos. Mais souvenons-nous de la grippe espagnole.
C'est vrai que pour un éleveur qui consacre sa vie, ses loisirs, souvent en gagnant le minimum vital, la sentence de mort à l'encontre de tous les animaux de sa ferme est un drame. Il faut que la communauté prenne en charge, rapidement et sans discuter, le désastre financier individuel. Car cet acte, qui peut être jugé barbare, est en fait un acte de prévention essentiel, qui participe à la lutte souterraine contre un ennemi qui prépare une arme de destruction massive.